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que nous avons déjà faite à propos de l’éclipse de Thalès (ch. III, 3), on aura ainsi un tableau assez complet des humbles commencements de l’astronomie hellène, alors qu’elle repassait par les mêmes étapes que la science chaldéenne.

On a vu comment celle-ci avait été amenée à se préoccuper tout d’abord de l’écliptique et dès lors de la zone qui l’entoure, d’ailleurs remarquable en ce qu’elle est le lieu où s’effectuent les mouvements des planètes. Il s’ensuivit que ce fut au cercle moyen de cette zone du zodiaque que les Babyloniens rapportèrent les phénomènes célestes et les positions des étoiles, au lieu de les rapporter à l’équateur comme il nous paraît naturel de le faire. Cette circonstance a eu une importance historique considérable, parce que le système des coordonnées en longitude et latitude célestes qui en dépend, permit à Hipparque de reconnaître la loi fondamentale de la précession des équinoxes, qu’il n’aurait certainement pas pu débrouiller, s’il ne s’était trouvé en présence que d’observations par ascensions droites et déclinaisons.

Les étoiles situées dans la bande des éclipses étant reconnues par une longue observation, il s’agissait de les figurer sur une sphère à leurs distances réciproques ou en d’autres termes de déterminer leurs longitudes, sans instruments propres à mesurer la distance angulaire[1]. La clepsydre pouvait donner les ascensions droites, c’est-à-dire les temps correspondant à une division de l’équateur en parties égales. Pour passer de là à une division du zodiaque en parties égales, problème qui nécessite pour nous l’emploi de la trigonométrie sphérique, on admit, par une approximation alors suffisante, et suivant un système évidemment chaldéen d’origine, que développe Hypsiclès d’Alexandrie (iie siècle av. J.-C.), que les différences des ascensions droites, correspondant à des parties égales du zodiaque, croissaient en progression arithmétique ; pour déterminer la raison de cette progression, il suffisait d’avoir observé le rapport du plus long jour de l’année à la plus courte nuit.

L’observation de l’ombre dans le polos fournissait aussi tous les éléments nécessaires pour y disposer la sphère mobile en donnant

  1. L’emploi du cercle divisé, avec l’alidade ou ligne de visée (dioptre des Grecs), mobile autour du centre, si simple que semble cet instrument, paraît avoir été étranger à toute la période hellène ; les Chaldéens et plus tard les Grecs semblent n’avoir eu qu’un instrument analogue au bâton de Jacob et ne leur servant que pour les petits angles.