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dépendre des étoiles. Leurs erreurs, qui plus tard se sont mêlées à la science antique, furent inconnues des Grecs avant les conquêtes d’Alexandre ; mais vouloir prédire le temps, ce n’en est pas moins, en astronomie, le grand desideratum de tout l’âge hellène. Notre météorologie n’est pas encore aujourd’hui tellement avancée qu’il faille blâmer ces tentatives infructueuses ; nous avons plutôt à nous demander si l’idée en appartenait en propre aux Grecs.

7. Dans son livre des Apparences des fixes, à côté de bien d’autres auteurs de parapegmes qu’il cite, Ptolémée rapporte souvent des annonces de temps « selon les Égyptiens ». Cela suffit pour nous rendre certains que Thalès avait pu trouver sur les bords du Nil un modèle pour son ouvrage, tel du moins que nous avons été amenés à nous le représenter.

L’immobilité de la science égyptienne, depuis une époque bien antérieure, est suffisamment constatée pour qu’aucun doute ne puisse s’élever à cet égard.

Les Égyptiens étaient certainement capables de déterminer plus ou moins grossièrement les solstices et les équinoxes, et la différence entre la durée des saisons astronomiques est assez grande pour qu’ils l’aient facilement reconnue. Si Thalès a rapporté de ses voyages quelque connaissance vraiment scientifique, c’est évidemment celle-là. Je ne m’arrête pas à cette circonstance assez singulière, que la légende ne lui reconnaît pas la connaissance des moyens pratiques indispensables pour faire la découverte. Le gnomon a certainement été connu en Grèce avant Anaximandre, et je ne mets pas en doute que Thalès n’en ait su l’usage, comme aussi celui de la clepsydre. Mais cet usage, c’est précisément la détermination des solstices et des équinoxes, et il ne l’a pas inventé, il l’a appris.

La donnée de Pline est même un indice qui ferait supposer que Thalès avait trop fidèlement copié son modèle. Les dates des levers et couchers des étoiles diffèrent en Égypte et en Grèce. Or, l’intervalle de 25 jours entre l’équinoxe du printemps et le lever du matin des Pléiades se rapporte à un climat beaucoup plus méridional que Milet. Cet intervalle, qu’Anaximandre portait déjà à 29 jours, Euctémon, contemporain de Méton, devait l’évaluer pour Athènes à 44, et Eudoxe à 48.

Quant à la durée totale de l’année, en adoptant 365 jours (Diog. L., I, 27), Thalès ne faisait encore qu’emprunter aux