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sur la date de la prise de Troie. De même Diodore, qui a pris pour cette date l’ère d’Ératosthène, quoique bien certainement Démocrite n’en fit point usage, et qui est ainsi arrivé aux limites 494-404.

Apollodore paraît avoir rattaché à L’acmé de Démocrite, plus ou moins approximativement, celles de divers auteurs dont il parlait (Diog. L., IX, 41), comme Archélaos, Œnopide[1], peut-être même celle d’Hippocrate de Cos, d’après la tradition, quoique le célèbre médecin doive avoir été plus âgé.

Quant à la durée de la vie de Démocrite, il semble qu’Apollodore ait admis une centaine d’années ; mais la tradition ne paraît guère constante que sur un point, qu’il serait mort extrêmement vieux, ce qu’on aura arbitrairement entendu entre 90 et 110 ans. Il est d’ailleurs singulier que la plupart des chiffres très différents qu’on attribue à la durée de sa vie, se retrouvent également donnés pour celle d’Hippocrate.


12. À partir de Socrate, la chronologie des philosophes est mieux assurée ; elle n’offre plus guère de divergences importantes ni de difficultés sérieuses, et c’est là surtout qu’on peut reconnaître la richesse relative des informations d’Apollodore, qui a su en profiter pour constituer définitivement cette chronologie, du moins quant aux personnages les plus importants.

Pour la période dont nous nous sommes occupés, il est évident, au contraire, qu’à de très rares exceptions près, il n’avait aucun renseignement précis. On a vu sur quelles bases arbitraires, avec quels éléments incertains il a, le premier, construit sa chronologie des philosophes ; mais au moins, comme je l’ai dit, son œuvre est systématique et ses dates ne conduisent à aucune impossibilité historique.

On a vu de plus comment les corrections qu’on a prétendu y apporter par la suite, et dont Sosicrate semble le premier auteur, ne sont en rien mieux justifiées que les hypothèses d’Apollodore, comment, au contraire, elles sont entachées de diverses erreurs.

Des chronographes postérieurs, on ne peut rien attendre ; Sosicrate, auteur de Successions, représente encore un système, et il a essayé d’en bannir les contradictions ; plus tard, nous ne trouvons plus que des recueils de dates empruntées sans critique

  1. Cependant Proclus, d’après Geminus, donne Œnopide comme seulement en peu plus jeune qu’Anaxagore, et une date plus rapprochée est très improbable.