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pondre la prise de Sardes à L’acmé, Ol. 63 à la mort (vers soixante ans). Il s’appuie sur ce qu’Hippolyte donne Ol. 58,1 pour l’acmé et que Suidas dit : « Anaximène vivait (γέγονε) lors de la prise de Sardes, alors que Cyrus de Perse renversa Crésus. » Si d’ailleurs Suidas ajoute la date : Ol. 55, c’est qu’il aurait à tort emprunté celle d’Eusèbe, tandis qu’Hippolyte aurait, conservé celle d’Apollodore ; toutefois il faudrait lire : Ol. 58,3 au lieu de 58,1.

Cette conjecture, aussi ingénieuse que hardie, mérite de notre part une critique d’autant plus approfondie que la date de la prise de Sardes, d’après Suidas, serait, à nos yeux, celle d’Apollodore, et la date corrigée d’Hippolyte celle de Sosicrate.

Diels attache, avec une certaine raison, quelque importance à la donnée chronologique de l’auteur des Philosophumena, parce que celui-ci vient d’en fournir une autre (Ol. 42,3 = 610 pour la naissance d’Anaximandre) qui n’est copiée sur aucune source connue, mais qui concorde évidemment avec les indications d’Apollodore ; mais il n’y a cependant pas là, en fait, un motif suffisant pour regarder les deux données des Philosophumena comme venant d’Apollodore plutôt que de Sosicrate par exemple. Le rapprochement avec Suidas indiquerait même un déplacement de date tout à fait semblable aux autres que nous avons vu faire à l’auteur des Successions.

Ainsi modifiée, l’hypothèse de Diels conduirait à faire naître Anaximène vers 598 et à le faire mourir vers 70 ans, en 528. Toutefois il convient d’observer que l’expression de Suidas, malgré toutes les discussions auxquelles elle a donné lieu, reste ambiguë et peut s’appliquer à la naissance ; d’autre part, il est indispensable d’examiner si les renseignements traditionnels sur la vie d’Anaximène peuvent être mis en concordance, soit avec l’hypothèse précitée, soit avec toute autre que l’on puisse faire dans l’objet.

Nous n’avons à considérer que trois rapprochements : les deux premiers qui font d’Anaximène, l’un le disciple d’Anaximandre, l’autre le maître d’Anaxagore, sont contradictoires, puisque le second de ces philosophes ne naquit qu’en 500. Cependant ils sont imperturbablement répétés, depuis Théophraste, dans la plupart des documents anciens, ce qui suffit à montrer combien peu on doit faire fonds sur eux ; quant au troisième rapprochement, entre Anaximène et Pythagore, il nous est au contraire fourni par une source tout à fait isolée, la correspondance apocryphe échangée d’après Diogène Laërce (II, 4 et 5, et VIII, 49) ; il y a là une tradi-