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Thalès et de sa prédiction, soit même de la doctrine de la métempsycose de Pythagore ; on comprend d’autre part comment Héraclite a pu parler de lui aussi bien que de Pythagore, et comment Sotion (Diog. L., IX, 18) l’aura fait contemporain d’Anaximandre, né vers 611. Au contraire, même avec la date de Diogène Laërce, on ne peut prolonger la vie de Xénophane jusqu’au temps d’Hiéron I (Ol. 77 = 472) et d’Épicharme, comme l’aurait cependant fait, d’après Clément d’Alexandrie, un historien, Timée, dont ici l’autorité serait, à vrai dire, considérable.

Il est facile de reconnaître l’origine d’une méprise que le fait du témoignage d’Héraclite sur Xénophane rend évidente. Timée a dû seulement : 1° rapporter une anecdote conservée par Plutarque (Reg. apophth.), relative à un mot d’Hiéron sur des vers de Xénophane récités devant lui ; 2° parler des attaques, déjà mentionnées par Aristote, du poète comique Épicharme contre le scepticisme du Colophonien.

On aura conclu que Timée donnait Xénophane comme vivant toujours, du récit que l’historien consacrait à des faits prouvant seulement la popularité dont a joui l’œuvre du poète, longtemps encore après sa mort.

Il y a bien aussi quelques autres assertions qui prolongent encore davantage la vie de Xénophane ; mais, ou bien ce sont de purs anachronismes, dus à des auteurs qui ne méritent aucune confiance, comme Hermippe (Diog. L., VIII, 56, et IX, 30) le mettant en rapport avec Empédocle, ou bien il y a eu (comme peut-être chez Ps.-Lucien, De longæv., 20) confusion avec un autre poète du même nom, auteur d’ïambes, né à Lesbos et fils de Dexinos.

7. Anaximandre et Pythagore. — Anaximandre offre l’exemple d’un philosophe dont Apollodore (Diog. L., II, 2) n’a pas tout d’abord déterminé l’acmé, mais bien l’âge (64 ans) à une certaine date, Ol. 58,2 = 547, probablement celle de son ouvrage, et dont il n’a sûrement pas précisé la mort. Anaximandre devait donc ètre considéré par Apollodore comme plus jeune de 26 ans que Thalès et de 11 ans que Xénophane. Son acmé devait tomber vers Ol. 52, en même temps que celle d’Ésope, l’avènement de Crésus et la naissance de Pythagore.

Si Diogène Laërce la fixe sous la tyrannie de Polycrate, il y a bien certainement là, comme Diels le fait remarquer, une confu-