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ne puisse être révoqué on doute, c’est assurément le Canon des Règnes de Ptolémée, puisque c’est d’après cette table que sont déterminées les anciennes observations astronomiques. Or, d’après ce Canon, la dernière année de Cyrus est 530 av. J.-C. D’autre part, d’après Hérodote, Cyrus a régné 29 ans, Astyage 35, Cyaxare 40. Si donc, comme il semble, Hérodote compte les années pleines, Cyrus a régné de 560 à 530, Astyage de 596 à 560, Cyaxare de 637 à 596. En tout cas, l’éclipse de 585 tombe sous le règne d’Astyage, tandis que, d’après Hérodote, la bataille qu’elle interrompit fut livrée par Cyaxare.

Comment l’erreur a-t-elle pu s’introduire ? Sans doute l’éclipse de 585 fut visible à Athènes et y produisit une impression assez profonde pour que son souvenir restât lié à l’archontat de Damasias ; on l’aura prise plus tard comme étant celle prédite par Thalès. Celle de 597 convenait moins, parce qu’elle arriva au lever du soleil, ce qui ne se rapporte guère au récit d’Hérodote et est pour nous une raison de l’écarter aussi bien que celle de 585. Quant à une plus ancienne, comme celle du 30 septembre 610, elle pouvait être déjà oubliée quand se forma la légende des sept sages.

Pour Apollodore, il vivait au temps d’Hipparque, c’est-à-dire à une époque où non seulement on possédait les observations chaldéennes, mais encore où l’on pouvait calculer avec une approximation très suffisante les dates des anciennes éclipses et leur importance ; il devait donc se trouver, ainsi que nous, en présence de trois dates reconnues comme possibles astronomiquement. Écartant la dernière d’après le récit d’Hérodote, il dut écarter aussi la première parce qu’elle tombe nécessairement pendant les 28 années que l’historien assigne à la domination des Scythes pendant le règne de Cyaxare ; il ne lui restait donc que l’éclipse de 597, qui d’ailleurs convenait très bien pour le synchronisme des sept sages.

Mais nous avons, comme je l’ai dit, une raison sérieuse d’écarter à notre tour cette dernière et, d’autre part, nous nous représentons plutôt aujourd’hui l’invasion des Scythes comme n’ayant pas eu les caractères d’une domination effective, comme n’ayant pu, sauf peut-être pendant sept ou huit ans, empêcher les guerres entre les différents États de l’Asie[1]. Par suite, c’est en 610 qu’il faut fixer l’éclipse de Thalès.

On est généralement d’accord pour fixer en 625 la prise de Ninive par les Mèdes, événement postérieur à cette invasion.

  1. On est généralement d’accord pour fixer en 625 la prise de Ninive par les Mèdes, événement postérieur à cette invasion.