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Cet Aétius nous est complètement inconnu d’ailleurs et l’on ne peut fixer son âge que par conjecture, vers la fin du ier siècle de notre ère. Il n’en est pas moins possible, grâce à Stobée et au Ps.-Plutarque, de recomposer, sans difficultés majeures, sa collection des Placita, que le second compilateur s’est, pour son compte, rarement permis d’interpoler. Ce travail de restitution a été accompli par H. Diels avec une admirable sûreté de critique, et désormais c’est donc Aétius et non Stobée ou le Ps.-Plutarque qu’il convient de citer d’après l’édition des Doxographi græci.

Avons-nous retrouvé du moins ce rédacteur des Placita primitifs que nous avons dû signaler comme malheureusement bien au-dessous de sa tâche ? Pas même, et Aétius lui était encore inférieur ; il semble avoir appartenu à l’école péripatéticienne, mais il n’en a certainement été qu’un élève bien médiocre. On le voit d’ailleurs prendre plaisir à intercaler dans sa compilation des morceaux d’origine stoïcienne à côté d’autres nettement épicuriens. Mais en fait, cette compilation, il doit la copier, en l’abrégeant plus ou moins, dans un recueil originaire directement composé, d’une part sur Théophraste, de l’autre, pour les temps postérieurs à Platon, sur les manuels courants des doctrines en vogue.

8. L’existence de ce recueil primitif peut se reconnaître à divers indices.

Censorinus (De die natali) expose sur divers sujets des opinions anciennes, dans des termes dont la parenté avec l’ouvrage d’Aétius est indéniable, quoiqu’on ne puisse admettre qu’il l’ait traduit. Or, comme on sait que Censorinus a copié Varron, il s’ensuit que ce dernier devait, déjà vers le milieu du ier siècle avant notre ère, utiliser un recueil de Placita, ce qui concorde, pour la date à assigner à ce recueil, avec le fait que les derniers savants dont il faisait mention, sont Posidonius et Asclépiade.

Divers extraits, dans Isidore (aussi d’après Varron), dans Tertullien (d’après Soranus), etc., paraissent remonter indirectement à la même origine.

En étudiant quelles additions Aétius a pu faire au fonds primitif, on arrive à cette conclusion que les citations expresses d’Aristote lui appartiennent, le premier compilateur n’ayant utilisé qu’un manuel d’école. Aétius semble aussi de temps en temps avoir fait quelques emprunts à des biographes ou ajouté quelques citations banales.