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APPENDICE I. — THÉOPHRASTE, SUR LES SENSATIONS

l’ordonnance et la disposition seront davantage celles qui ont été spécifiées.

74. Voilà pour les figures du blanc. Le noir est composé des contraires, raboteuses, scalènes, inégales ; car de la sorte il se produit des ombres et les pores ne sont pas droits et facilement pénétrantes. D’autre part les effluves seront lentes et troubles ; la manière d’être des effluves a en effet son importance pour la représentation, qui change par suite de l’immixtion de l’air.

75. Le rouge est constitué des mêmes figures que le chaud, seulement plus grandes, et, si avec les mêmes figures il y a de plus grands assemblages, le rouge est plus intense. Un signe que le rouge est ainsi composé, c’est que la chaleur nous fait rougir, comme aussi tous les corps en ignition, avant qu’ils n’arrivent à l’incandescence. Les grandes figures donnent un rouge plus vif comme pour la flamme et le charbon des bois verts comparés aux secs, pour le fer et les autres substances en ignition ; car le plus brillant est ce qui a le plus de feu et le feu le plus subtil ; le plus rouge est ce dont le feu est plus épais et en moindre quantité. Aussi le plus rouge est moins chaud ; car le subtil est chaud. — Quant au vert, il est constitué par du plein et du vide disposés et ordonnés à la surface en grandes figures semblables (?).

76. Telles seraient les figures des couleurs simples, chacune étant d’ailleurs d’autant plus pure qu’elle est formée de particules moins mélangées. Les autres couleurs résultent de la combinaison des simples ; ainsi celles de l’or, du bronze et autres semblables sont mélangées de blanc et de rouge ; car l’éclat provient du blanc et la nuance du rouge, qui pour le mélange tombe dans les vides du blanc. En y ajoutant du vert, on a la plus belle couleur, mais il faut que les assemblages de vert soient petits ; car de grands ne pourraient s’accorder avec une telle combinaison du blanc et du rouge ; les nuances varient d’ailleurs suivant les différentes proportions.

77. Le violet est formé de blanc, de noir et de rouge, mais le rouge domine, le noir est encore en grande quantité, le blanc en proportion médiocre, ce qui produit une sensation agréable. La présence du rouge et du noir est évidente à l’œil, celle du blanc est trahie par l’éclat et la transparence, qui en sont les effets. Le bleu de guède (ἵσατις) est mélangé de vert et de noir en proportion plus forte ; le vert poireau (πράσινον) de violet et de bleu de guède ou de vert et d’une nuance tirant sur le violet ; c’est le cas du vert-de-gris, qui participe au brillant. L’azur (κυανοῦν) est formé