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APPENDICE I. — THÉOPHRASTE, SUR LES SENSATIONS

similitude complète et universelle, il ne pourrait y avoir sensation. Enfin les pores sont-ils pleins ou vides ? S’ils sont vides, il se contredit lui-même, car il nie en général l’existence du vide ; s’ils sont pleins, les êtres vivants sentiront toujours, car il est clair que le remplissage aurait lieu par adaptation du semblable, pour employer ses expressions.

14. L’objection subsisterait au reste, quand même il serait possible que des hétérogènes eussent des dimensions leur permettant l’adaptation, et quand il serait vrai, comme il le dit, que les yeux dont le tempérament est imparfait deviennent moins perçants parce que tantôt le feu, tantôt l’air obstrueraient les pores. Car s’il y a proportion de la sorte et que les pores soient remplis de corps d’une autre nature, comment et où, lors de la sensation, ces corps sortiront-ils ? Il faut bien expliquer quel peut être ce déplacement. Ainsi de tous côtés, il y a des difficultés : il faut ou bien admettre le vide, ou dire que les êtres vivants sentent toujours toutes choses, ou supposer une adaptation de corps de nature différente qui ne produisent pas de sensations et qui n’aient pas le déplacement spécial à ceux qui les produisent.

15. Enfin, s’il n’y a pas adaptation complète du semblable, mais seulement contact, il s’ensuit que la sensation sera produite dans tous les cas ; car, en fait, il rend compte de la connaissance à la fois par la similitude et par le contact, et c’est pourquoi il parle d’adaptation ; mais, de la sorte, s’il y a contact du moindre au plus grand, il y aura sensation. D’autre part, en thèse générale, d’après lui, la similitude ne joue aucun rôle et la seule proportion suffit ; c’est ainsi qu’il dit qu’il n’y a pas sensation réciproque, parce que les pores ne sont pas en proportion ; mais que l’effluve soit semblable ou dissemblable, il ne fait pas de distinction. On doit donc conclure, ou bien que la sensation n’est pas produite par le semblable, ou que le défaut de perception n’est pas dû à une certaine disproportion et qu’il n’est pas nécessaire que les sens et les objets sentis soient toujours de même nature.

16. Il ne rend pas non plus, d’une façon acceptable, compte du plaisir et de la douleur, quand il attribue le premier à l’action des semblables, la seconde à celle des contraires, des « ennemis », comme il dit,

(Vers 267-268) « qui sont au plus éloignés les uns des autres — par leur origine, leur tempérament, et la forme qui leur est imprimée. »