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POUR L’HISTOIRE DE LA SCIENCE HELLÈNE.

ou en est très voisine. Après avoir énuméré comment chaque chose est connue par le semblable, il ajoute à la fin :

(Vers 381-382). « Car c’est là de quoi toutes choses sont harmonieusement constituées — et c’est par quoi l’on pense, l’on jouit ou l’on souffre. »

Il conclut que c’est surtout le sang qui détermine la pensée, car c’est surtout dans le sang que se tempèrent réciproquement les divers éléments.

11. Ceux donc pour lesquels le mélange se fait également et entre particules qui soient et de dimensions pareilles et convenablement espacées, n’étant d’ailleurs ni trop petites ni trop grandes, ceux-là sont les plus intelligents et leurs sens sont les plus parfaits ; après eux viennent en proportion ceux qui s’en rapprochent ; ceux qui s’éloignent au contraire le plus de cet état, sont les moins intelligents. Les éléments en particules grossières et espacées font les hommes hébétés et maladroits ; s’ils sont au contraire condensés et réduits en particules très menues, les mouvements du sang sont plus vifs, et l’homme sera lui-même plus prompt et mobile, mais il ne sera propre qu’à entreprendre beaucoup de choses sans en venir à bout. Ceux pour lesquels enfin le tempérament est convenable dans une partie spéciale du corps, auront une aptitude spéciale correspondante ; de là les bons orateurs et les artistes, le tempérament est meilleur dans les mains des uns, dans la langue des autres ; de même pour les autres facultés.

12. C’est ainsi qu’Empédocle admet que se produisent la sensation et la pensée. La première difficulté qu’on puisse proposer est de savoir en quoi les êtres animés diffèrent des autres pour la sensation ; car il y a bien aussi adaptation aux pores des êtres inanimés, puisque en général Empédocle explique le mélange par la proportion des pores. C’est ainsi que l’huile et l’eau ne se mélangent pas, au contraire des autres liquides dont il énumère les diverses combinaisons. Par conséquent, tout sentira, et mélange, sensation, accroissement ne seront qu’une même chose ; car c’est toujours pour lui l’effet d’une proportion des pores, sauf les quelques différences qu’il peut ajouter.

13. En second lien, dans les êtres animés eux-mêmes, pourquoi le feu intérieur sentira-t-il plus que l’extérieur, s’il y a entre eux adaptation réciproque ? La proportion et la similitude existent. Mais il faut bien qu’il y ait une différence, si l’un ne peut remplir les pores, ce que fait l’autre entrant du dehors. Si donc il y avait