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312 POUR l'histoire de la science hellène.

phes (3) au tourbillon cosmique; il serait dû au défaut d'équilibre entre le feu (c'est-à-dire l'air lumineux) et l'air sombre qui rem- plissent chacun une des moitiés de la sphère céleste. Cette raison n'est évidemment valable que pour l'ordre de choses actuel; autrement on ne comprendrait pas pourquoi la vitesse du mouve- ment a subi des variations énormes. Mais nous pouvons retenir le principe : le tourbillon esj dû à une rupture d'équilibre; autrement dit, c'est la résultante finale des mouvements désordonnés que le Neikos imprime au Sphéros.

Empédocle ne pouvait concevoir pour l'ensemble de son univers un déplacement dans l'espace, mais il pouvait très bien admettre que lorsque les mouvements locaux auraient gagné la totalité du Sphéros, il n'y eût pas nécessairement une balance exacte entre ces mouvements dans tous les sens et dans toutes les directions, et que, comme effet total, abstraction faite des irrégularités partielles, il en résultât une rotation générale ou un tourbillon d'abord très lent.

Or, la formation de ce tourbillon, succédant à la dissolution complète du Sphéros, marquait aux yeux d'Empédocle la limite des progrès du Neikos; jusque-là, nous ne pouvons guère nous représenter la Philotès, en tant que milieu, que comme divisée en lambeaux au sein de la confusion générale, et emportée, elle aussi, dans les mouvements capricieux dus au Neikos, sans pouvoir former, dans quelque lieu qui fût à l'abri de l'invasion du milieu répulsif, une combinaison stable des éléments dissociés.

Mais, dès que le tourbillon général s'est dessiné, cet abri que cherche la Philotès est trouvé; elle se précipite au centre et le Neikos recule à la circonférence. En même temps et par l'action du tourbillon (suivant les prinoipes d'explication déjà posés par les physiologues ioniens), beaucoup plutôt que du fait de l'un ou l'autre des deux milieux, se constituent les grandes masses des éléments. Cependant la Philotès parvient à combattre dans une certaine mesure les conséquences de cet effet mécanique; car elle associe les parties des éléments qui constitueront les êtres indivi- duels après des tentatives plus ou moins heureuses et une lutte prolongée contre le désordre produit par le Neikos; en effet, celui-ci ne cède la place que peu à peu et d'une façon inégale.

Pendant cette lutte, l'accélération du mouvement tourbillon- naire semble résulter de ce conflit et se faire aux dépens des mouvements irréguliers ; en tout cas, elle favorise de plus en plus

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