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CHAPITRE XIII. — EMPÉDOCLE d'aGRIGENTE. 309

rentrer en lutte dans des conditions favorables; il reprend alors peu à peu à la Haine les éléments dissociés; mais, les rencontrant en diverses proportions, il en forme dès lors diverses combinaisons stables qui exercent entre elles des attractions secondaires, d'après leurs similitudes; de la sorte, le cosmos peut s'organiser comme forme durable en apparence, quoique en réalité transitoire et des- tinée à passer à l'homogénéité du Sphéros.

5. L'attraction des semblables n'est pas, chez l'Agrigenlin, une force abstraite transcendantalement; c'est une propriété immanente à la matière. Nous ne pouvons guère penser trouver autre chose à cette époque; cependant, en dehors de cette force, la doctrine d'Empédocle en suppose implicitement une seconde, qui semblerait présenter un caractère quelque peu différent ; c'est celle qui règle le déplacement périodique des deux milieux matériels, et qui apparaît évidemment comme indépendante de l'essence propre de ces milieux. Mais quand l'Agrigentin parle d'une loi fatale, d'un « grand serment » qui préside à ces déplacements, il ne paraît guère avoir conçu- d'une façon bien précise cette force spéciale; on pourrait dire qu'il n'en connaît que l'effet, la périodicité, et qu'il induit l'universalité de cet effet de la contemplation des grands phénomènes de la nature.

Le mieux serait peut-être de s'en tenir à cette vague conclusion; essayons toutefois de préciser, un peu plus que nous ne l'avons fait jusqu'à présent, les circonstances du déplacement des deux milieux, telles qu'Empédocle nous les décrit; c'est évidemment le seul moyen de jeter un peu de lumière sur ce point douteux, si toutefois il peut vraiment être éclairci.

On est d'accord pour reconnaître que dans l'état primordial où les éléments formaient une masse homogène liée par l'Amour, la Haine était exclue du Sphéros ; on ne peut dès lors se la représenter que comme enveloppant celui-ci d'une couche vide de tout élément corporel, mais d'ailleurs finie, puisque Empédocle, comme je l'ai dit, ne conçoit pas l'espace infini.

Le poète déclare d'ailleurs formellement que le Sphéros est immobile, qu'il jouit d'un repos absolu (v. 168 et 476). Évidem- ment, ce repos doit s'entendre aussi bien de la totalité que des parties, c'est-à-dire qu'il faut exclure le mouvement de révolution (diurne), la &(vtj qui interviendra plus tard dans la cosmogonie.

Les vers 177-180 se rapportent à l'introduction du Neîkos dans

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