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L’une de ces files parallèles de points, A, est immobile; deux autres, B et C, se meuvent en sens inverse l’une de l’autre, avec une vitesse égale. Le mouvement relatif de G par rapport à B est double évidemment du mouvement de G par rapport à A ; pendant que G parcourt une certaine longueur, passe devant un certain nombre de points sur B, il ne parcourt que la moitié de cette longueur, ne passe que devant un nombre de points moitié moindre sur A; ce n’est donc pas le passage d’un point au suivant qui correspond à l’instant élément de temps, car il serait alors facile de conclure que la moitié est égale au double.

Aristote a méconnu le premier le caractère de cet argument ; il a cru à un paralogisme de Zenon et Ta accusé d’ignorer la différence entre un mouvement relatif et un mouvement absolu. Tout doit, au contraire, nous porter à croire que Zenon était incapable d’une pareille erreur et que sa combinaison a été ingénieusement imaginée pour faire concevoir deux mouvements en rapport de vitesse double, sans qu’aucune objection pût s’élever à cet égard.

9. Si l’on résume les arguments de Zenon, on voit donc qu’ils se réduisent en fait à établir par l’absurde : qu’un corps n’est pas une somme de points; que le temps n’est pas une somme d’instants; que le mouvement n’est pas une somme de simples passages de point à point.

Il est clair qu’il n’y a nullement là une thèse idéaliste. De même que Parménide, Zenon part toujours du point de vue concret; il ne conçoit l’être que comme corporel et étendu; Mélissos, au contraire, niera que l’être doive être conçu comme corps. Pour passer de l’un à l’autre, il y a un abîme à franchir.

Cependant la portée de cette conclusion ne doit pas être exagérée; s’ils sont partis du point de vue concret, les deux Éléates se sont élevés à l’abstrait; ils ont distingué le sensible de l’intellectuel, et s’ils n’ont pas constitué une théorie de la connaissance, ils ont fait, l’un après l’autre, deux pas décisifs dans cette voie.

Parménide a déterminé l’intelligibilité comme condition nécessaire de l’être; voici maintenant Zenon qui nie que le point, et par suite la ligne, la surface, soient des choses existant réellement ; ce sont cependant, et au plus haut degré, des choses intelligibles. Il y a donc désormais démarcation définitive entre le point de vue géométrique et le point de vue sensible; les {izr t [AOÔiJiiflrwxi se trouvent, du coup, constitués en opposition aux zlzr, otfaOqttf,