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INTRODUCTION.

10. Avant de clore cette introduction, il me reste à donner quelques explications sur le plan que j’ai suivi.

La forme de monographies, consacrées aux principaux penseurs dont j’avais à m’occuper, m’était imposée par la nécessité des reconstructions de système à opérer pour chacun d’eux ; je ne me dissimule pas les graves inconvénients qu’entraînerait cette forme pour une véritable histoire des doctrines, à quel point elle peut masquer leur filiation ou, si l’on veut faire sentir celle-ci, à quelles fastidieuses répétitions on peut être obligé. Mais le temps ne me parait pas encore venu où l’on puisse essayer d’écrire réellement une pareille histoire ; c’est surtout d’éclaircissements spéciaux, de discussions de détail que l’on a aujourd’hui besoin, l’unité de l’œuvre dût-elle en souffrir.

Les lacunes qu’offre la liste des monographies ainsi réunies, sont assez frappantes pour qu’on reconnaisse immédiatement que je n’ai nullement prétendu être complet. En particulier, Pythagore n’a pas son chapitre spécial, quoique j’aie consacré à la détermination de ses connaissances et de ses opinions diverses études fragmentaires, dans lesquelles j’ai d’ailleurs formulé des conclusions nouvelles et importantes, au moins à mes yeux. Mais les documents relatifs à l’ancien pythagorisme sont tellement contradictoires et d’une authenticité tellement douteuse, que je n’ai pas, pour le moment, jugé à propos d’aller plus loin.

Ce livre présentera déjà, je crois, assez de thèses nouvelles et partant sujettes à controverse, pour que je ne le grossisse pas encore d’autres qu’il me serait impossible d’appuyer suffisamment et surtout sur lesquelles je n’ai pu me former pour moi-même une opinion bien plausible. Quant à me borner à répéter ce qui a été déjà dit et que l’on trouve partout, cela sans doute était inutile ; j’avais, sur d’autres sujets, assez d’autres emprunts à faire à des travaux encore insuffisamment connus en France et dont l’analyse, je l’espère du moins, offrira d’autant plus d’intérêt qu’elle pouvait être moins attendue[1].

  1. Il s’agit : 1o des deux premiers chapitres, dont je vais parler maintenant, sur les doxographes grecs et sur la chronologie des physiologues, chapitres dont le fonds est emprunté à H. Diels ; 2o des monographies d’Anaximandre et d’Héraclite, tirées en grande partie des ouvrages de G. Teichmüller. — Je n’ai pas à faire l’éloge de ces illustres savants dont l’amitié m’honore d’autant plus qu’elle est venue me chercher ; mais, en tous cas, sur les points qu’ils avaient touchés, je ne pouvais songer à être original.