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DOXOGRAPHIE D’HÉRACLITE

1. Théophr., fr. 1 (Simplic. in physic, 6 a). — Hippase de Métaponte et Héraclite d’Éphèse ont également admis un principe unique, mobile et limité, mais ils ont pris comme tel le feu, dont ils font sortir et où ils font revenir les êtres par condensation et raréfaction ; le feu serait donc l’unique substratum ; car tout, dit Héraclite, est « échange de feu ». Il admet aussi un certain ordre et un temps déterminé pour la transformation du monde suivant une certaine nécessité fatale.

2. Philosophumena[1], 4. — (1) Héraclite, le physicien, philosophe d’Éphèse, déplorait toutes choses, accusant l’ignorance de toute vie et de tout homme et s’apitoyant sur le sort des mortels ; il disait que lui savait tout, mais les autres hommes, rien. — (2) Son langage est sensiblement en concordance avec celui d’Empédocle ; il reconnaît comme principe de toutes choses la Discorde et l’Amour, comme dieu le feu intelligent, fait lutter toutes choses entre elles et ne leur accorde aucune stabilité. — (3) Empédocle a dit que tout l’espace qui nous environne est plein de maux, qui s’étendent de la terre jusqu’à la lune, mais ne vont pas plus loin, parce que tout l’espace au-dessus de la lune est plus pur ; ce fut aussi l’opinion d’Héraclite.

3. Épiphane, III, 20. — Héraclite, fils de Bléson, d’Éphèse, dit que toutes choses viennent du feu et se résolvent en feu.

4. Hermias, 13. — Peut-être en croirais-je ce beau Démocrite et voudrais-je bien rire avec lui, si je n’écoutais pas Héraclite qui pleure tout en disant : « Le principe de l’univers est le feu, il a deux accidents, la raréfaction et la condensation, l’un actif, l’autre passif, l’un qui réunit, l’autre qui sépare. » J’en ai assez de tels principes, j’en suis soûl.

5. Aétius, I, 3. — Héraclite et Hippase de Métaponte : Le principe de toutes choses est le feu, car tout vient du feu et tout finit en feu. Son extinction donne naissance à l’ensemble du monde ; car tout d’abord la partie la plus grossière se resserrant sur elle-même forme la terre, puis celle-ci relâchée par le feu et se fondant donne l’eau, qui s’évaporant devient air. Inversement le

  1. Ce passage des Philosophumena est emprunté à une autorité beaucoup moins valable que leur source ordinaire.