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CHAPITRE V. — XÉNOPHANE DE COLOPHON (D). 139



DOXOGRAPHIE DE XENOPHANE

1. Théophr., fr. 5 (Simpl. in physic., 5 b). — Théophraste dit que Xénophane de Colophon, le maître de Parménide, suppose un seul principe ou considère l’être total comme un, ni limité, ni infini, ni en mouvement, ni en repos. Théophraste convient au reste que la mention de cette opinion appartient plutôt à une autre histoire qu’à celle qui concerne la nature ; car, au dire de Xénophane, cet un universel, c’est le dieu. Il montre qu’il est unique, parce qu’il est plus puissant que tout ; car s’il y a plusieurs êtres, dit-il, il faut que la puissance soit également partagée entre eux ; or dieu, c’est ce qu’il y a de plus excellent et de supérieur à tout en puissance. Il est inengendré, parce que ce qui naît doit naître soit du semblable soit du dissemblable ; mais le semblable, dit-il, ne peut avoir ce rôle par rapport au semblable ; car il n’y a pas plus de raison pour que l’un, plutôt que l’autre, engendre ou soit engendré ; si d’autre part l’être naissait du dissemblable, il naîtrait de ce qui n’est pas ; c’est ainsi qu’il prouve la non-génération et l’éternité. L’un n’est ni infini ni limité, parce que, d’une part, l’infini c’est le non-être, puisqu’il n’a ni commencement, ni milieu, ni fin ; que, de l’autre, ce sont les objets en pluralité qui se limitent réciproquement. Il supprime de même le mouvement et le repos ; car l’immobile c’est le non-être, qui ne devient rien d’autre, et que rien d’autre ne devient ; le mouvement, au contraire, appartient à la pluralité, car alors il y a changement de l’un en l’autre. Aussi, quand il dit que l’être reste dans le même état et ne se meut pas (voir fr. 4), il faut entendre cela, non pas du repos opposé au mouvement, mais de l’état stable sans mouvement ni repos. Nicolas de Damas, dans son traité Sur les Dieux, le mentionne comme ayant dit que le principe est infini et immobile. D’après Alexandre, il l’aurait dit limité et de forme sphérique. Mais on a vu clairement comment il prouve la non-infinitude et la non-limitation ; la limitation et la forme sphérique sont indiquées lorsqu’il dit que l’être est semblable de tous côtés ; il dit encore qu’il pense toutes choses (voir fr. 3).

2. Théophr., fr. 5 a (Galien sur Hippocr.). — Divers exégètes ont faussement parlé de Xénophane ; ainsi Sabinus qui dit à peu