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CHAPITRE V

XÉNOPHANE DE COLOPHON

I. — Une Thèse de Pythagore.


1. Après Anaximandre, l’ordre chronologique est incertain ; si l’on s’en rapporte à Apollodore, Xénophane aurait même été plus âgé que le Milésien ; toutefois, il est incontestable qu’il connaissait non seulement la doctrine de ce dernier, ce que remarquait déjà Théophraste (Diog. L., IX, 24), mais encore celle de Pythagore (fr. 18 = Diog. L., VIII, 36). D’autre part, c’est surtout Anaximène qu’on ne sait où placer ; comme, cependant, ni Pythagore ni Xénophane ne paraissent avoir connu aucune de ses opinions, comme celles-ci semblent plutôt d’une date plus récente, il s’ensuivrait que c’est au Samien que reviendrait désormais le premier rang.

J’ai dit, dans l’introduction de ce livre, pour quels motifs je m’abstiendrai de lui consacrer une monographie complète ; il y aurait, d’ailleurs, à lui assigner sa place suivant l’ordre des temps, une difficulté sur laquelle il convient au moins de s’expliquer.

On admet généralement que les doctrines pythagoriennes sont restées longtemps secrètes et n’ont été divulguées que lors de la publication des écrits de Philolaos, vers le commencement du IVe siècle av. J.-C. Si cette opinion était rigoureusement exacte, comme une doctrine secrète ne peut avoir aucune influence sur l’élaboration extérieure des concepts, comme elle subit au contraire le contre-coup de cette élaboration, il vaudrait mieux retarder l’examen du pythagorisme jusqu’à l’étude de l’époque où les dogmes en ont été révélés.

Mais la légende du mystère gardé sur ces dogmes ne peut être acceptée sans réserves ; car il est facile d’établir que le mystère