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lambeaux en ont été enveloppés dans certains cercles, ce qui a produit le soleil, la lune et les étoiles. Il ajoute encore qu’à l’origine l’homme sortit d’animaux ayant une autre forme ; car, si les autres animaux peuvent bien vite trouver eux-mêmes leur pâture, l’homme seul a besoin de longs soins nourriciers ; si donc il avait été à l’origine comme il est actuellement, il n’aurait pu subsister. Voilà les opinions d’Anaximandre.

4. Épiphane, III, 2. — Anaximandre fils de Praxiade, Milésien lui aussi, a dit que l’indéfini est le principe de toutes choses ; car tout en provient et tout s’y résout.

5. Hermias, 10. — Mais son compatriote Anaximandre dit que le mouvement éternel est un principe plus ancien que l’eau, et que c’est par ce mouvement que ceci se produit et que cela se détruit. Croyons-en donc Anaximandre !

6. Aétius, I, 3. — Anaximandre fils de Praxiade, de Milet, dit que le principe des êtres est l’indéfini ; car tout en provient et tout s’y dissipe ; il y a donc eu des mondes en nombre indéfini, formés et détruits successivement par résolution en leur principe. Il donne la raison pourquoi ce dernier est illimité, c’est que la génération productrice ne doit pas manquer en rien ; mais il se trompe en ne disant pas ce qu’est cet indéfini, si c’est l’air, l’eau la terre ou quelque autre corps. [Il se trompe aussi en affirmant la matière et en supprimant la cause efficiente ; car l’indéfini n’est rien autre chose que la matière, et la matière ne peut être en acte, si l’on ne suppose pas une cause efficiente.]

7. Cicéron (De deor. nat., I, 10). — L’opinion d’ Anaximandre est qu’il y a des dieux soumis à la naissance, qui paraissent et disparaissent à de longs intervalles, et que ce sont des mondes en nombre indéfini. Mais comment pouvons -nous comprendre un dieu autrement qu’immortel ?

8. Saint Augustin (De civ. Dei, VIII, 2). — Son auditeur et successeur Anaximandre adopta une autre opinion sur la nature des choses. Car il pensa qu’elles naissent, non pas d’une seule chose, telle que l’eau, ainsi que l’avait dit Thalès, mais bien chacune de ses propres principes. Ces principes des choses particulières seraient infinis et engendreraient des mondes innombrables avec tout ce qui y naît ; ces mondes tantôt se détruiraient, tantôt renaîtraient de nouveau, chacun selon le temps qu’il peut subsister. Mais il n’a pas davantage attribué un rôle à l’intelligence divine.

9. Aétius. — I, 7. Anaximandre a affirmé comme dieux les