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du mouvement éternel . C’est pourquoi Aristote l’a rangé à côté d’Anaxagore.

2. Philosophumena, I, 6. — Thalès eut pour auditeur Anaximandre fils de Praxiade, de Milet. Celui-ci donne pour principe aux êtres l’indéfini sous une certaine nature, de laquelle se seraient formés les ciels et les mondes y renfermés ; elle est éternelle et sans vieillesse et elle embrasse tous les mondes. Il parle du temps comme déterminé pour la génération, l’existence et la destruction. Ainsi il a dit que l’indéfini est le principe et l’élément des êtres, et c’est même lui qui, le premier, a employé ce terme de principe ; il a ajouté que le mouvement où se produisent les ciels, est éternel. La terre est isolée sans tenir à rien ; elle reste en place à cause de l’égalité de distance de tous les côtés ; sa forme est arrondie circulairement et semblable à celle d’une assise de colonne ; il y a deux faces planes opposées, sur l’une desquelles nous nous trouvons. Les astres sont des cercles de feu dégagé du feu cosmique et enveloppé d’air ; il y a des évents, sortes de trous allongés en tuyau, ce qui donne l’apparence des astres ; aussi quand ces évents se bouchent, il y a éclipse. La fermeture ou l’ouverture de ces trous fait également paraître la lune tantôt pleine et tantôt échancrée. Le cercle du soleil est 27 fois (celui de la terre et) celui de la lune (18 fois) ; le soleil est au plus haut, les cercles des étoiles fixes, au plus bas. Les animaux sont nés (de l’humide ; évaporé par le soleil ; au commencement l’homme avait une forme tout autre et ressemblait à un poisson. Les vents proviennent des vapeurs les plus subtiles qui se dégagent de l’air et, une fois rassemblées, se mettent en mouvement ; la pluie, de la vapeur que le soleil a soulevée de la terre ; les éclairs, de ce qu’un vent qui survient dans les nuées, les perce. Anaximandre naquit Ol. 42,3.

3. Ps.-Plut. (Strom., 2). — Après Thalès, son ami Anaximandre dit que l’indéfini renferme toute cause de production et de destruction dans l’univers ; les ciels s’en sont dégagés, ainsi qu’en général tous les mondes en nombre indéfini. Il déclare que leur destruction et bien auparavant leur production ont résulté, depuis un temps indéfini, de leur révolution toujours la même. La terre a la forme d’un cylindre dont la hauteur serait le tiers de la largeur. Du principe éternel s’est dégagé, à la naissance du monde actuel, le générateur du chaud et du froid et, comme l’écorce se forme autour de l’arbre, il s’est formé une sphère enflammée autour de l’air qui entoure la terre ; puis cette sphère s’est déchirée et les