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Il faudrait pour cela : 1o démontrer que notre monde est assimilable à un système de corps où le principe de la conservation des forces vives est applicable ; 2o prouver, par l’analyse des transformations entre la chaleur et le travail, qu’elles se terminent toujours au bénéfice de l’énergie calorique.

Sur le premier point, l’assimilation proposée exige avant tout que l’on considère l’ensemble de l’univers afin qu’il ne reste point de forces extérieures au système. Or, si l’univers est infini, l’équation qui exprime la constance de la somme des deux énergies devient absolument illusoire. Chacune des deux énergies demeure en effet constamment infinie et il n’est plus permis de leur appliquer les raisonnements faits pour des quantités finies.

Mais il est impossible de démontrer que l’univers n’est pas infini ; toutes les conséquences tirées de la théorie de l’entropie restent donc soumises à une hypothèse absolument incertaine.

L’assimilation exigerait en second lieu, en toute rigueur, qu’il fût démontré que toutes les forces qui s’exercent dans l’univers entre les molécules matérielles dépendent exclusivement de la situation respective de ces molécules et ne sont pas autrement liées au temps. C’est, à la vérité, un postulatum aujourd’hui admis sans conteste par tous les physiciens. Il convient néanmoins de remarquer qu’il n’y a là qu’un postulatum et non pas une vérité rigoureusement établie. Or, tant qu’on n’aura pas examiné jusqu’à quelles limites des hypothèses contraires pourraient être formulées sans entraîner de désaccord avec l’expérience, les conclusions lointaines à tirer du postulatum dont il s’agit ne peuvent avoir qu’un caractère provisoire.

Reste maintenant à examiner les conditions des transformations entre le travail et la chaleur, telles qu’elles s’effectuent dans la réalité, reste à vérifier jusqu’à quel point ces conditions peuvent avoir pour conséquence une entropie.

Il s’agit, en somme, de savoir si un cycle de phénomènes peut se reproduire indéfiniment en ramenant, chaque fois qu’il expire, les choses à l’état initial, tant au point de vue mécanique qu’au point de vue de la chaleur, ou si, au contraire, le rétablissement apparent de l’état initial cache, à chaque période, une transformation intime, toujours dans le même sens.

Parmi les phénomènes qui s’opèrent dans le cycle (en supposant toujours qu’il s’agisse d’un système soumis à la loi de la conservation des forces vives), les uns sont accompagnés de production de