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dans la ville chez un marchand français, qui consentit, par égard pour elle, à me cacher dans sa cave pendant plusieurs jours. Sauf la privation de liberté, je fus fort bien traité ; mais cette précaution était inutile, car ensuite, comme nous allions continuer notre voyage, les vents contraires nous ayant retenus près de la pointe occupée aujourd’hui par les missionnaires, on me laissa entièrement libre.

Pendant ce séjour forcé, les Indiens s’enivrèrent. Mon père, ivre, mais pouvant encore marcher, causait avec deux jeunes hommes qui se promenaient ensemble, lorsque, arrêtant l’un d’eux par la manche de sa chemise, il la déchira sans le vouloir. Ce jeune homme nommé Suggut-taw-gun (bois à demi pourri) se fâcha, et donnant à mon père un coup violent le fit tomber à la renverse, puis prenant une grosse pierre la lui lança droit au front.

À cette vue je craignis pour ma propre sûreté, car je savais que Me-to-saw-gea, chef ojibbeway, était dans l’île avec un parti marchant