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« L’Indien, dit-il, a toutes les calamités de l’homme du peuple de nos cités, et toutes les détresses du sauvage... Aujourd’hui des haillons européens, sans couvrir sa nudité, attestent seulement sa misère ; c’est un mendiant à la porte d’un comptoir, ce n’est plus un sauvage dans ses forêts. »

Ce tableau est aussi vrai qu’affligeant. Que l’on compare, toutefois, le récit du baron de la Hontan, ou celui du père Charlevoix, aux Mémoires de Tanner, et l’on trouvera moins d’altérations de mœurs chez les Indiens de l’Amérique du Nord que dans le même espace de temps chez le peuple de l’Europe réputé pour le plus stationnaire.

Qu’opposeront à ces révélations de l’homme le plus étranger à tout esprit de secte les optimistes de la doctrine du progrès ? Ils n’en tiendront probablement aucun compte ; c’est assez l’usage de toutes les convictions exclusives, trop disposées à sacrifier au triomphe très incertain d’une théorie douteuse les générations présentes