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nos cartes géographiques, avec quoi ils ont bientôt fait et dressé une espèce de tente et de cabanage.

Nous aurions pu citer un grand nombre d’autorités sur les curieux détails de ces constructions improvisées, sur les procédés ingénieux des sauvages pour se garantir du froid, sur de longues écorces qu’ils savent emboîter comme nos tuiles creuses pour se préserver de la pluie. Nous nous bornerons à citer un vieux missionnaire des premières années du dix-septième siècle, dont la relation n’aurait guère à subir, au dix-neuvième, que des modifications de style.

« Quelque part qu’ils soyent arriués, la première chose c’est de faire du feu et se cabaner, ce qu’ils ont faict dans une heure ou deux, souuent en demy-hëure. Les femmes vont au bois et en apportent des perches, lesquelles on dispose par en bas en rond à l’entour du feu, et par en haut, on les enfourche entre elles pyramidalement, de manière qu’elles se reposent l’une contre l’autre, droit au dessus du feu, car là est la cheminée. Sur les perches on iette des peaux, ou bien des nattes ou des escorces. Au pied des perches, dessous les peaux, se mettent les sacs. Toute la place à l’entour du feu est ionchée de fueilles de pin, afin de ne pas sentir l’humidité de la terre. Dessus les fueilles de sapin ils iettent souvent des nattes ou des peaux de loups marins aussi délicates que le velours ; là dessus ils s’estendent à l’entour du feu, ayant la teste sur leurs sacs, et, ce qu’on ne croiroit pas, ils sont très chaudement, léans dedans à très petit feu, voire aux plus grandes rigueurs de l’hiuer. »