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La grandeur de ces canots varie de 10 pieds jusqu’à 28… Les plus grands peuvent contenir aisément 14 hommes ; mais pour l’ordinaire, quand on veut s’en servir pour transporter des vivres ou des marchandises, trois hommes suffisent pour les gouverner… Les canots sont sûrs, et ne tournent jamais quand ils sont d’écorce de bouleau, laquelle se lève ordinairement en hiver avec de l’eau chaude. Les plus gros arbres sont les meilleurs pour faire de grands canots, quoique souvent une seule écorce ne suffise pas. Le fond est pourtant d’une seule pièce, auquel les sauvages sçavent coudre si artistement les bords avec des racines, que le canot paroît d’une seule écorce. Ils sont garnis ou de clisses ou de varangues d’un bois de cèdre presque aussi léger que le liége. Les clisses ont l’époisseur d’un écu, l’écorce celle de deux, et les varangues celle de trois. Outre cela, il règne à droit et à gauche, d’un bout du canot à l’autre, deux maîtres ou préceintes, dans lesquels sont enchâssées les pointes de varangues, et où les huit barres qui le lient et le traversent sont attachées. Ces bâtimens ont vingt pouces de profondeur… ; s’ils sont commodes par leur légèreté et par le peu d’eau qu’ils tirent, il faut avouer qu’ils sont, en récompense, bien incommodes par leur fragilité ; car, pour peu qu’ils touchent sur le caillou ou sur le sable, les crevasses de l’écorce s’entr’ouvrent… ; chaque jour, il y a quelque nouvelle crevasse ou quelque couture à gommer. Toutes les nuits, on est obligé de les décharger à flot, et de les porter à terre, où on les attache à des piquets, de peur que le vent ne les emporte ; car ils pèsent si