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dans les défauts de cet ouvrage la preuve irrécusable de son authenticité. L’absence de toute espèce d’art et la naïveté du récit ont rarement été poussées aussi loin. C’eût été l’œuvre d’une révision facile de grouper plus artistement les personnages, de les mettre en scène plus à propos, de mieux classer les faits. L’éditeur américain s’en est scrupuleusement abstenu, et le traducteur français a su résister à la tentation de rendre la vérité plus évidente par des vraisemblances mieux coordonnées.

Les humbles mémoires de John Tanner paraissent donc tels qu’il les a dictés lui-même. Nous avions lu cent fois le roman de la vie sauvage ; en voici la réalité... Autant que je puis en juger, dit Washington Irving, « l’Indien des fictions poétiques est, comme le berger du roman pastoral, une pure personnification d’attributs imaginaires. » Cette critique générale du spirituel écrivain n’est que trop fondée, mais elle ne saurait atteindre les souvenirs de Tanner ; l’imagination en est sévèrement exclue,