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plusieurs fois arrivé), ils sortaient de terre, et renouvelaient la querelle et le meurtre, ou que du moins ils tourmentaient leurs visiteurs et les empêchaient de dormir. La curiosité me poussait, et je désirais de pouvoir dire aux Indiens, non seulement que je m’étais arrêté, mais même que j’avais dormi dans un lieu si redouté. Le soleil se couchait lorsque j’arrivai ; je tirai mon canot à terre, j’allumai un feu, et, après avoir soupe, je m’endormis.

Peu d’instans après, je vis les deux morts se lever et s’asseoir près de mon feu, en face de moi. Leurs yeux étaient attentivement fixés sur ma personne ; ils ne souriaient pas et ne disaient rien : je me levai et m’assis devant eux auprès du foyer. Dans cette position, je me réveillai ; la nuit était sombre et orageuse ; je ne vis aucun homme, je n’entendis aucun autre son que celui des arbres agités par le vent. Il est probable que je me rendormis, car je revis bientôt les deux morts ; ils se tenaient sans doute debout au pied de la banque de la rivière, car leurs têtes étaient