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mes deux, et blessâmes un troisième, qu’il fallut poursuivre jusqu’à la nuit. Alors, nous coupâmes les viandes, qui furent cachées dans la neige ; mais mon compagnon n’en prit pas une seule bouchée pour notre usage immédiat ; cependant, nous étions loin de notre camp, et il était trop tard pour songer à y retourner avant le lendemain. Je savais qu’il avait jeûné aussi longtemps que moi, et, quoique la faim me fit cruellement souffrir, j’eus honte de lui demander à manger, et de paraître ne pas pouvoir supporter le besoin avec le même courage que lui. Le matin, il me donna un peu de viande, et, sans prendre le temps de la cuire, nous partîmes pour notre camp. Lorsque nous arrivâmes, dans l’après-midi, Net-no-kwa, voyant que je ne revenais pas les mains vides, me dit : « C’est bien, mon fils, je pense que vous avez mangé de bon appétit la nuit dernière, après votre longue abstinence. » Je lui répondis que je n’avais rien mangé, et elle fit cuire aussitôt une portion de ce que je rapportais ; notre part ne