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au comptoir que nous croyions moins éloigné que le camp des chasseurs. C’était tout au plus un voyage de deux jours de marche ordinaire ; mais, dans mon état de faiblesse, il était douteux que je pusse y parvenir.

Je partis de grand matin ; le temps était froid et le vent fort ; j’avais un grand lac à traverser, et là, comme le vent soufflait avec violence, j’eus beaucoup à souffrir. Arrivé sur l’autre bord avant le coucher du soleil, je m’assis pour passer la nuit. Dès que je commençai à sentir un peu de froid, je voulus me lever ; mais j’eus tant de peine à y réussir, qu’il me parut imprudent de me reposer avant d’avoir atteint le comptoir. La nuit n’étant pas sombre et le vent s’étant abattu, je souffris moins que dans le jour ; je marchai toute la nuit, et je parvins à mon but de bonne heure dans la matinée. Dès que j’eus ouvert la porte, les blancs virent bien, à mon aspect, que j’étais à demi mort de faim, et me demandèrent aussitôt des nouvelles de ma famille ; à