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voyage, nous nous dirigeâmes vers le comptoir. Le pays que nous devions traverser était plein de lacs, d’iles et de marécages ; mais la gelée nous permettait de suivre une route directe.

Un matin, de bonne heure, Waw-be-be-nais-sa, animé peut-être par une faim excessive, ou par l’exercice qu’il était forcé de prendre, se mit à prier et à chanter. Il dit enfin : « Aujourd’hui, nous verrons des caribous. » La vieille femme, dont le caractère était un peu aigri par une longue suite de privations, et qui ne regardait pas Waw-be-be-nais-sa comme un chasseur bien entreprenant, lui répondit : « Des hommes n’auraient pas dit : nous verrons du gibier aujourd’hui, mais nous en mangerons. »

A peine avions-nous marché quelques instans, que six caribous vinrent droit à nous, vers la pointe d’une petite île ; nous nous cachâmes dans des buissons, et ils s’approchèrent à portée de fusil ; mais l’arme de Wa-me-gon-a-biew rata, et à ce bruit ils s’enfuirent tous. Waw-be-be-nais-sa lâcha aussitôt son coup, en