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Comme le vent soufflait du rivage, les premières vagues n’étaient pas hautes ; bientôt elles commencèrent à battre violemment notre canot, et à menacer de le remplir. Il était plus dangereux encore de retourner que d’avancer. Le soleil ne tarda pas à se coucher, et le vent devenait de plus en plus terrible. Nous nous regardions comme perdus et nous poussions des cris.

Tout à coup la vieille femme se réveille de son ivresse, se lève, adresse à haute voix une instante prière au Grand Esprit, et se met à ramer avec une étonnante activité, en nous encourageant et indiquant à Wa-me-gon-a-biew comment il faut diriger le canot. Enfin nous approchâmes du rivage, et reconnaissant l’endroit où nous allions aborder, elle manifesta de vives alarmes. « Mes enfans, nous dit-elle, je crois que nous allons périr. Là, devant nous, sont des rochers grands et nombreux cachés sous l’eau ; notre canot doit être mis en pièces. Cependant nous n’avons pas autre chose à faire que de pousser en avant, et quoique nous ne