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canots s’arrêtèrent, et le chef, d’une voix très haute, adressa une prière au Grand Esprit pour qu’il jetât un regard favorable sur notre traversée.

« Vous avez fait ce lac, disait-il, et vous nous avez faits aussi nous, vos enfans ; vous pouvez maintenir le calme de cette eau jusqu’à ce que nous l’ayons traversée sains et saufs. » Il pria ainsi pendant cinq ou dix minutes, et jeta ensuite dans l’eau une petite quantité de tabac ; de chaque canot, on en jeta à son exemple ; tous repartirent ensemble, et le vieillard commença une chanson dont je ne me rappelle pas bien distinctement le sens ; je sais seulement qu’elle était religieuse. J’avais oublié ma langue maternelle, et à peine me restait-il quelques notions bien vagues sur la religion des blancs.

Je me souviens que cette invocation du chef au Grand Esprit me parut très expressive et solennelle ; les Indiens en semblaient tout émus. Exposés sur un lac immense, dans leurs fragiles canots, ils sentaient vivement leur dépendance