Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mouilla presque entièrement, tandis que j’avais seulement les jambes trempées. Nos mains étaient si engourdies, qu’il nous fallut long-temps pour nous débarrasser de nos raquettes (23) à neige, et à peine étions-nous sortis de l’eau, que nos mitasses (24) et nos mocassins devinrent tout roides de glace ; mon frère perdit courage et dit qu’il voulait mourir. Notre bois pourri (25) s’était mouillé dans notre passage ; sans moyens d’allumer du feu, et voyant nos mocassins et nos vêtemens se roidir de plus en plus, je commençai à croire aussi que nous allions mourir ; mais je ne voulus pas, comme mon frère indien, m’asseoir et attendre patiemment la mort. Je fis le plus de mouvement possible sur le bord de la rivière, dans un endroit d’où le vent avait balayé la neige. Enfin, je trouvai un peu de bois pourri, bien sec, qui me tint lieu de briquet, et j’eus le bonheur d’allumer un feu ; nous nous mîmes aussitôt à dégeler et à sécher nos mocassins, et dès qu’ils furent à peu près secs, nous les chaussâmes pour aller ramasser une provision