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Nous ne serons jugés que dans l’autre Décade. Nous sommes sûres au moins de ne pas l’être dans celle cy.

Ma fille, mon gendre et moi, nous acceptons avec grand plaisir votre invitation ; vous êtes un excélent neveu, et pour tout dire un charmant homme. Nous tâcherons a l’envi les uns des autres, de vous faire honneur, et nous ne négligeons rien pour intéresser en notre faveur vos importans convives. Cette fête devient pour nous, une fortuité[1] bien heureuse.

Hélas, il ne s’agit pas aujourd’huy d’être riche, mais au moins de n’être pas ruinés sans ressource ; de payer nos créanciers, d’honorer la mémoire de ton oncle.

Si nous échappons à la griffe du G — tout est sauvés (sic), car mon fils est jeune[2], il jouit d’une excélente réputation, il a des appuis, il trouvera des occasions de gagner de l’argent. Il faut que les parens et les amis se soutiennent et s’entr’aident.

Bonjour, mon cher neveu. Je recois votre embrassade de tout mon cœur.

Votre tante.
Ve Beaumarchais.


V

Au citoyen l’Épine
Horloger
Place des Victoires-Nationales, à Paris


Citoyen,

En 1789, voyant que la dépense et les voyages du citoyen Campan mon mari[3], devoient finir par déranger

  1. Je ne trouve fortuité nulle part et je me demande si Madame Beaumarchais n’avait pas ce néologisme sur la conscience.
  2. C’est-à-dire mon fils adoptif, mon gendre Toussaint Delarne, qui n’avait pas même alors une trentaine d’années. L’expression mon fils est bien touchante sous la plume d’une belle-mère et mérite d’être notée.
  3. Jeanne-Louise-Henriette Genet avait épousé, étant lectrice de Madame