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faisant plus à l’infirmité de mon esprit qu’a la grandeur et dignité de voz vortuz, qui a esté cause, Syre, que voyant sur la fin de mes jours qu’il a pleu à la bonté divine inspirer le cueur de Vostre Magesté, qui est en sa main, à la culture et vénération d’une si ardante et exemplaire affection, je me suys ingéré de présenter à vostre très chrestienne clémence ung petit traicté que j’ay extraict du sens et intelligence de la Saincte Escripture de Dieu, et ensuivant ses sainctz propoz et observation de sa Saincte Esglise, par lequel je tache à contenter toutes gens qui pourroient estre desvoyez de la vraye culture et vénération, que tout chrestien doibt au Sainot Sacrement de l’Eucharistie de Jesu Christ, pour mètre poyne de ma part à retirer et concillier toutes oppinions errantes à la vraye affection et intelligence de ce très heureulx bénéfice que nous recepvons de sa miséricorde, tant qu’il plaise à la divine bonté reassembler comme Jesu Christ le nous a déclairé, toutes ses brebis ensemble (Joan. 10), à celle fin que ung parc soit fait [et] ung pasteur, et que ceppendant toutz les masques et argumentz matérielz que plusieurs imposent sur ceste divine communication, soient banys et rejectez, et que à la provocation des sainctz exemples de Vostre Maiesté, tout vostre peuple soit induict à vénérer ce bon Dieu en saincteté et justice, et comme Jesu Christ le déclara à la Samaritaine (Joan. 4), l’adorer en esprit et verité, arrière tant d’arguments et sillogismes matériels qui n’ont aucun lieu, mais empaichent l’intelligence des choses divines et incorporelles, produitz par noz affections tenantz grandement du deffault, que nous a laissé nostre premier père, abandonnant l’amour et cognoissance de Dieu pour l’amour et délectation momentanée des choses charnelles et matérielles, dont Dieu déclara à Noé (Genèse, 6) que l’humain lignaige en seroit exterminé pour avoir plus vénéré la chair que l’esprit, de manière que la plus grand part de l’humain lignaige ou presque tout (Syre) a retenu du premier père ce que sainct Jehan a tant blasmé des vivantz, nous conseillant n’aymer le monde, à cause qu’il est totallement constitué en concupiscence des choses charnelles, désirs des choses vènes et excessif usaige de ce qui nous est donné pour la vie, à quoy nous vivantz tendons ce jourdhuy plus que à chercher la gloire de Dieu affaulte d’avoir cognoissance de nous mesmes, et de penser qui nous sommes, de quoy nous sommes, et à quoy nous debvons tendre, choses très nécessaires à l’homme, pour parvenir à son vray sallut, lequel Jesu Christ a déclaré estre la cognoissance de Dieu, et celluy qu’il a envoyé (Joan. 17), ce que Mercure le très grand a prédict 2 000 ans