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luy. Cette affaire a fini par la voye de la médiation, ayant choisi M. Drouilhet de Sigalas, conseiller de grand’chambre au parlement de Bordeaux, pour notre arbitre. Nous passâmes un compromis sous la peine de cinq mille livres que celuy de nous deux qui refuseroit d’acquiescer à son jugement payeroit. Il y eut des mémoires de part et d’autre fournis devant le médiateur. Le chevalier de Fontainemarie demandoit à venir à division et partage des biens des père, mère, oncles et tantes, comme s’il eut ignoré les testaments qui avoient été faits en ma faveur et les quittances qu’il avoit donné en pleine majorité des différentes sommes qu’il avoit reçu. Je luy ay opposé dans mes mémoires la fin de non recevoir prise des actes geminez, et en outre mes demandes reconventionnelles qui s’élevoient au moins à plus de dix mille livres aux termes du traité du mois de mars 1756 passé entre luy et la dame sa mère et suivant son testament, ce qui l’auroit engagé à dire qu’il n’étoit pas rempli de ses droits légitimaires. Enfin par l’avis de M. le médiateur, pour éviter le désagrément d’en venir à une estimation des biens paternels et maternels, et pour un bien de paix, j’ay donné trois mille livres au chevalier de Fontainemarie au passement de la transaction retenue par Ballias, notaire de cette ville, le 26 mars 1767 et qu’il est bon de voir, aussi bien que mes mémoires et les différentes lettres que le chevalier de Fontainemarie m’a écrit, dans lesquelles il me promettoit une reconnaissance éternelle pour tous les services que je luy ay rendu, consequemment je n’avois rien moins mérité que son procédé aussi ingrat qu’injuste[1].

  1. Les relations entre les deux frères ne redevinrent jamais affectueuses, mais ce ne fut point la faute du narrateur, comme le prouve la touchante lettre qu’il écrivit au chevalier de Fontainemarie et dont la simple et chaleureuse éloquence méritait un meilleur sort :
    « Copie de la lettre que j’écris à mon frère ce 7 avril 1777, jour de lundy. « Si j’eusse crû que ma présence vous eut été agreable, mon cher frere, il y a déjà long temps que je serois allé chés vous pour vous demander votre amitié, et vous assurer de la mienne. Souffrez, je vous supplie, que je fasse aujourd’huy l’un et l’autre par écrit ; je le fais avec d’autant plus de plaisir que je ne désire rien tant que de renouer des nœuds qui n’auroient jamais dû se rompre pour notre tranquillité, notre bonheur et l’édification de notre prochain. C’est sous ce double point de vue, mon cher frère, que je vous