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Fontenoy[1], où il y fut blessé[2]. Ma mère lui acheta une compaignie, et, pour cet effet, elle luy envoya huit mille livres, dont il en accusa la réception le 25 décembre de l’année 1747. Peu de temps après, c’est-à-dire à la paix, il fut réformé ; il servit cependant en qualité de capitaine en second jusques en 1754 que je luy envoyé quatre mille cinq cens livres pour l’achat d’une seconde compagnie qu’il conserve encore actuellement ; il est en garnison à Dunkerque ce 6 aoust 1759.

Ce 6 janvier 1761, mon frère est arrivé icy bien incommodé d’une blessure qu’il reçut le 15 d’octobre dans une affaire qui se passa contre le prince de Brunsvik[3]. Il resta à Meurs, petite ville[4] jusqu’à ce qu’il fut en estat de voyager. Sa blessure consiste au menton par une bale qui le luy persa et qui luy tomba dans la poitrine. Il est chevalier de l’Ordre de Saint Louis. Cette croix luy a été donnée de grâce, n’ayant que 17 ans de service. M. d’Auber de Peyrelongue le reçut chevalier par ordre du Roy[5], il reçut ici sa croix dans le mois de mars suivant. Il s’est retiré du service et demande une pen-

  1. Il est impossible de ne pas citer à propos de la bataille de Fontenoy, l’émouvant et éloquent récit de M. le duc de Broglie, récit qui doit être mis à jamais au nombre des plus belles pages de notre littérature.
  2. Suivant une tradition de famille recueillie de la bouche de M. G. de Colombet, le blessé était étendu sur le champ de bataille parmi les morts quand le maréchal de Saxe, venant à passer auprès de lui, crut voir qu’il s’agitait et dit : enlevez cet homme qui respire encore et ayez en grand soin. Le blessé de Fontenoy était le beau-frère du grand-père de M. de Colombet.
  3. Cette affaire est le combat de Clostercamp, auquel se rattache l’immortel souvenir du dévouement du chevalier d’Assas. Auprès du capitaine Blaise de Fontainemarie fut blessé à Clostercamp un de ses compatriotes, mon bisayeul maternel, Jacques-Philippe de Vivie, capitaine au régiment de Normandie. Les deux voisins, les deux blessés furent nommés chevaliers de Saint-Louis.
  4. Aujourd’hui Moïs, ville de la Prusse occidentale, à 30 kilomètres de Düsseldorff.
  5. C’était François d’Auber, écuyer, seigneur de Peyrelongue, ancien major de cavalerie au régiment de Vogué, chevalier de Saint-Louis. M. le comte Albert d’Auber de Peyrelongue conserve, dans ses archives, la lettre par laquelle Louis XV chargea François d’Auber, le 7 mars 1761, de « recevoir et admettre la dignité de chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, le sieur Blaise de Fontainemarie, capitaine dans mon régiment de Normandie, »