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SOUS LE CHÂTAIGNIER




À M. Philippe Tamizey de Larroque,
Correspondant de l’Institut

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Sur la colline un grand arbre s’élève,
Vert et touffu, dont au printemps la fleur
Répand au loin son parfum, dont la sève
Verse en été le calme et la fraîcheur.
Qui ne connaît son ombre hospitalière ?
Qui n’a, Gascon, Français, même étranger,
Pris une feuille et souvent branche entière
À ce généreux châtaignier !

Cet arbre fier qui domine les autres
Se plaît à voir d’aimables compagnons,
Causeurs charmants, gais vivants, bons apôtres,
Que n’effraient point francs propos et chansons.
On jase ; on rit du méchant qui fait rage,
Du sot qu’il faut à tout prix éloigner.
Il cache tout sous son discret feuillage,
L’indulgent et bon châtaignier !

Il est chenu, mais très droit. Son écorce
Nourrit encor des rameaux vigoureux.
Le cœur est ferme ; il nous prouve sa force
Et sa verdeur par ses fruits savoureux.
Garde longtemps cette vigueur si belle
Que tes amis sont heureux d’admirer.
Fais chaque année une branche nouvelle,
Toujours jeune, ô vieux châtaignier !

Louis Audiat.


Pavillon Peiresc, près Gontaud, août 1893.


Paris-Bordeaux. — Imprimerie Nouvelle A. BELLIER et Cie.