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petite mention dans les registres consulaires du décès d’un aussi grand personnage et d’un aussi proche voisin[1] ! Pas la moindre dépense inscrite dans les comptes municipaux à l’occasion des funérailles de ce maréchal de France ! Pour que nulle trace de la mort et de la cérémonie funèbre ne figure au milieu des actes de jurade, il faut évidemment que Monluc n’ait pas rendu sa vaillante âme à Dieu près de la ville où il avait, en quelque sorte, si longtemps régné. On a cru qu’il était déjà mort en juillet 1577[2]. Le codicille de son testament, codicille daté du 18 août suivant, établit, comme l’a constaté M. Clément-Simon[3], qu’à cette dernière date Monluc était encore vivant et même bien portant, comme il convenait à cet homme de fer, car il avait pu se transporter à Condom, et le codicille n’indique pas, selon la formule, qu’il fut le moins du monde malade du corps.

  1. On compte seulement sept kilomètres entre Agen et Estillac.
  2. « Il mourut au mois de juillet 1577 dans son château d’Estittac » (A. de Ruble, Introduction, p. VI). Mézeray avait déjà dit (Histoire de France, t. III, p. 167) « A la fin de juillet [1577], Blaise de Moutluc finist ses jours dans sa maison d’Estillac en Agenois, dans une extrême vieillesse de sorte que ce fut plustost la vie qui luy manqua que non pas la mort qui Je ravist, laquelle il avoit bravée en tant de sièges, d’assauts et de combats dedans et dehors le royaume, qu’il scmbloit qu’elle n’osast plus l’attaquer. » Du reste, les citations en faveur des prétentions d’Estillac pourraient être fort nombreuses une des plus remarquables serait celle que l’on tirerait du livre LXIVe siècle de l’Histoire du président de Thou. Mentionnons encore cette phrase de Labenazie (p. 270 du manuscrit déjà cité) « En la même année (1577) M. le Marcschal de Monluc, cassé par les fatigues de la guerre, mourut a son chasteau d’Estillac ». Le châtelain actuel d’Estillac, M. O. de Laroche, se propose d’étudier à fond la question de l’ensevelissement de son illustre prédécesseur, cette question à laquelle s’intéressait tant notre commune amie, Madame la comtesse Marie de Raymond. Quelques mois à peine avant sa mort, la grande admiratrice de Blaise de Monluc (voir ce que j’ai dit à ce sujet dans ma notice sur cette femme d’élite) avait formé le projet d’aller en ma compagnie faire une visite (avec enquête) au tombeau où repose celuy « qui n’eut onc repos ».
  3. Le testament du maréchal de Monluc, publié en entier pour la première fois avec un codicille (Recueil des travaux de la Société des sciences, lettres et arts d’Agen, seconde série, tome II, 1872, p. 379). Le testament du maréchal avait été fait à Agen le 22 juillet 1576. On y lit (p. 403) « Quand il plairra à Dieu le Createur que l’heure de mon trespas sera venue et qu’il aura repris mon âme, veux que mon corps soict ensepvely au lieu de Sainct Puy en Gaure et au sépulcre de mes prédécesseurs. » On retrouve la même recommandation dans le Testament de François de Massencome, père de Blaise de Monluc, publié par M. Paul Laplagne Barris dans la Revue de Gascogne (tome XVIII, 1877, p, 425).