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Messieurs du Parlement n’ont point fait à Marmande de procession le jour de saint Joseph de la présente année, 1676, comme ils avoient accoutumé de faire à Bordeaux, où il n’y en a pas en ledit jour.

Le 25 mars 1676, il y a eu procession à Marmande à cause de l’Annonciation de Nostre-Dame faiste par les conseuls. M. le président Duburg y assista en robe à leur teste, et il m’a esté assuré qu’il disoit au premier conseul et au second de se mettre à son costé, le juge ny le procureur du Roy n’y ayant point pareu.

Il y a eu aussi sédition à la Réolle et à Bergerac qui a esté bientost calmée par les soins de M le mareschal d’Albret et de M. de Seve. intendant[1] qui en a condamné quelqu’un à estre pandeu avec le Présidial pour la seconde sédition de Bordeaux, Sa Majesté n’ayant point révoqué son amnistie.

La sédition arrivée dans ce terme en Bretaigne est cause que Sa Majesté a transféré son Parlement de Rennes à Vannes. Dans l’intervalle de la première et seconde sédition de Bordeaux le régiment de Lachau de cavalerie et celluy de Cossé de dragons jaunes ont resté dans la province de Guyenne.

Nostre réception à Libourne a esté telle. Après que deux jurats eurent fait a Bordeaux leurs complimans à M. le premier Présidant et à M. le Procureur Général, de mesme que le sieur Cazes, procureur du Roy au présidial dudit Libournes[2], nous tronvasmes au port de Cavernes[3] des bateaux à nous envoyés de la part de la commu-

  1. Guillaume de Sève, seigneur de Châtillon, Le Roy, Izy et Grigneville, qui avait succédé à d’Aguesseau (mars 1673), devait rester en Guyenne jusqu’en décembre 1678. Voir sur son départ de Bordeaux et sur ses visites d’adieu la Continuation de la Chronique Bourdeloise (p. 58, à la date du 20 décembre).
  2. Ce magistrat était le grand-père du célèbre duc Elie Decazes. Je me souviens d’avoir trouvé, dans l’Histoire ecclesiastique des églises réformées au royaume de France par Théodore de Bèze, que je n’ai pas en ce moment sous la main, la mention d’un Cazes à Libourne, qu’il faut sans doute rattacher à la famille de l’homme d’État Girondin.
  3. Mon savant maître et ami, M. Jules Delpit, qui est voisin de Cavernes, m’apprend que « c’est une localité de la commune de Saint-Loubès, où jusqu’au commencement de ce siècle les voyageurs de Libourne se faisaient apporter par un service régulier de gabares qui leur permettaient de couper par terre l’isthme ou pointe du Bec d’Ambès, et d’arriver promptement à Lormont où de nouveaux bateaux les transportaient à Bordeaux. » Voir la Monographie de Saint-Loubès, par M, de Comet, 1869. in-8o, p. 30).