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Le dernier jour du mois de may 1671 M. le Mareschal d’Albret, chevalier des ordres du Roy, gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté en Guyenne, a fait son entrée à Bordeaux par la porte du Caillau[1]. Le jour précédant il s’en alla incognito chez le sieur Lombard aux Chartrons d’où on l’alla chercher dans un bateau ou maison navalle, ayant esté receu au bruit du canon de la ville, du Chasteau Trompette et des vaisseaux qui estoient au port, et de descharges de trente-six compagnies de la bourgeoisie que le sieur Villepreux, major de Bordeaux[2] avoient mis sous les armes. M. le gouverneur ayant abordé à une tribune aux harangues, les maire et jurats furent les premiers qui l’aranguèrent (sic), luy ayant présanté dans un bassin d’argent une clef de la ville et les leur rendit après les avoir prinses ; à suite ayant monté au haut de ladite tribune il s’assit dans un fauteuil ayant soubs ses pieds un carreau de velours. Dans cet estat les juges et conseuls de la Bourse luy ont fait leur compliment ; après eux, les officiers de l’eslection, à suite l’université, après le sénéchal, le présidial, après les présidans et thrésoriers de France. Ces harangues finies, les députés de la Cour des Aydes ayant pareu, duquel nombre j’estois, M. le Mareschal desandits (sic) de la dite tribune et fit la moitié du chemin et nous l’autre moitié suivant les ordres du roi couchés sur nostre registre, et dans cet endroit, c’est-à-dire au milieu du chemin, à prandre depuis la tribune aux harangues la porte du Caillau. M. le président Metiver portant la parolle se distingua à son ordinaire et luy fit sa harangue [ici cinq lignes raturées avec tant de soin, qu’il est impossible

  1. Conférez la continuation de la Chronique Bourdeloise p. 102 et 107. Les deux narrateurs sont d’accord sur les points principaux, mais chacun d’eux donne quelques détails différents et les deux récits se complètent l’un par l’autre.
  2. On lit dans la Chronique Bourdeloise (continuation de 1671 à 1700, p. 112) : « du 4 décembre (1686), le Roy ayant pourvu le sieur de Villepreux fils, l’un de ses mousquetaires, de la charge de Sergent-Major de la Ville sur la démission volontaire que le sieur de Villepreux, son père, en avoit fait, les Lettres de provision de Sa Majesté furent enregistrées dans les registres de l’Hotel-de-Ville. » C’était le 27 août 1653 (Chronique Bourdeloise. Continuation de 1620 à 1672, p. 67) que le sieur de Villepreux le père, « escuyer » avait été « receu en la charge de Major de la Ville, par la recommandation de son Altesse de Vendosme, aux gages de six cens livres annuellement en temps de paix, et de douze cens livres en temps de guerre. »