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vous m’apprites une grande nouvelle : l’on possèdait en Angleterre, disiez-vous, entr’autres manuscrits de Peiresc, un recueil intitulé par les rédacteurs du catalogue de la fameuse collection de lord Ashburnham Mémoires autographes de Peiresc, avec la note détaillée de toutes les lettres écrites par lui. Cette révélation alluma aussitôt ma convoitise, Je n’eus plus qu’un souci : voir les manuscrits de Peiresc qui étaient conservés à Ashburnham-Place, voir surtout le manuscrit des mémoires. Dès mon retour à Gontaud, je m’empressai d’écrire à lord Ashburnbam pour le prier de la façon la plus pressante de m’autoriser à aller consulter chez lui les documents peiresciens. Ma supplique était faite pour attendrir le dragon des Hespérides lui-même, Lord Ashburnham, en une lettre froide et polie comme l’acier, m’opposa la plus décourageante fin de non-recevoir. J’étais désolé et j’exhalai mes plaintes un peu partout, jusque dans la Revue Critique. Au bout de quelques temps, M. L. Delisle, touché de mon inconsolable douleur, me confia sous le sceau du secret que des négociations étaient entamées pour ramener en France les manuscrits ravis par Libri et qu’il en attendait d’heureux résultats. Les espérances de l’éminent érudit ne tardèrent pas à se réaliser. Louera-t-on jamais assez le zèle, le dévouaient, l’habileté déployés par lui pour nous rendre nos trésors perdus ? Quant à moi, je ne passerai pas un seul jour sans l’en remercier au fond de mon cœur, et de même qu’on maudissait autrefois, en un refrain quotidien, la fureur des Normands, je célébrerai jusqu’à la fin de ce qui me reste de vie la bienfaisante intervention de celui qui