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pensé que la lettre de Dom Germain, étant en grande partie consacrée au fameux théologien Michel Molinos, je pouvais, sans accroc au programme de notre recueil, rapprocher la lettre du collaborateur de Dom Mabillon de la lettre du collaborateur de Dom Vaissete. D’ailleurs, ne tombe-t-on pas toujours du côté où l’on penche ? Et l’extrême intérêt que présente la lettre de Dom Germain me permettait-il de résister à la tentation de la mettre en lumière ? Comment se résigner à priver ce lecteur auquel on donne le doux nom d’ami, de la joie de lire une page où pétille toute la verve de celui que je ne crains pas de surnommer le plus spirituel des Bénédictins[1], et où les détails les plus nouveaux, les plus piquants, sont encore relevés par une si fine pointe de malice et par de si savoureux grains de sel gaulois ?

La lettre de Dom Dévic est moins curieuse que celle de son confrère. On y trouvera toutefois d’utiles renseignements sur le rôle joué, dans la capitale du monde chrétien, par le futur historien du Languedoc, renseignements qui confirment et complètent ceux qui ont été ainsi résumés, en tête du premier volume de la nouvelle édition, par l’académicien E. Dulaurier : « Il fut envoyé à Rome en 1701, en qualité d’assistant du P. Guillaume Laparre, procureur général de la Congrégation auprès du Saint-Siège. Son caractère doux et affable, sa piété tolérante et son savoir lui valurent de nombreuses et illustres amitiés ; le pape Clément XI, le fameux auteur de la bulle Unigenitus, et la reine de Pologne, Marie-Casimire, l’honoraient de leur bienveillance. En 1708, Dom Laparre ayant été envoyé en mission en France, il le suppléa pendant son absence avec le titre de vice-procureur général. Au milieu des occupations que lui donnait son emploi, il trouvait encore le temps de cultiver les lettres, amour de sa jeunesse ; il collationnait les manuscrits du Vatican et des autres bibliothèques de Rome

  1. Un juge des plus compétents en matière d’esprit, M. le prince Emmanuel de Broglie, lui a décerné les plus flatteurs certificats, à cet égard, en plusieurs passages de son beau livre sur Mabillon et la Société de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, etc. (Paris, 1888, 2 vol. in-8o), passim, notamment t. I, p. 27.