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été gelées dans les endroits les plus à l’abri du nort et ce qui paroit au vent n’a pas souffert de long-temps autant.

Le cinq septembre 1767, naissance d’une neuvième fille, enterrée à la paroisse. — Le 5 septembre, ma femme a accouché vers une heure après midy d’une neuvième fille, n’étant enceinte que de sept mois et quelques jours. Elle est venue au monde hidropique (sic). La femme sage luy donna l’eau tout de suite et quelques minutes après, elle mourut. Elle fut enterrée le même jour dans nos tombes à la paroisse. Ma femme a été fort heureuse de n’avoir pas porté cet enfant selon le cours ordinaire de neuf mois, attendu qu’il y avoit près d’un mois et demy qu’elle avoit les jambes, les cuisses et une partie du corps si enflé qu’elle ne pouvoit absolument presque plus se remuer, ce qui nous faisoit craindre pour ses jours. Mais grâces au Seigneur elle a délivré le plus heureusement du monde et a rendu une si grande quantité d’eaux pendant quatre ou cinq jours, qu’elle est redevenue dans son état naturel, mais fort amaigrie. Dieu veuille me la conserver long temps, s’il le juge à propos pour sa gloire et notre salut[1] !

Le 10 mars 1774 le Roy est mort à Versailles de la petite vérole. C’étoit pour la troisième fois qu’il l’avoit eue ; on l’enterra le même jour sans grande cérémonie, parcequ’il y avoit eu de (sic) venin, et qu’il étoit gangrenné. Son petit-fils. Louis Auguste, Dauphin de France, a succédé à la couronne : il a remis à son peuple le droit régalien, c’est-à-dire le présent qu’il est d’usage de faire pour le joyeux avènement ; il a déclaré de plus par un Edit que les espèces

  1. La santé de Madame de Fontainemarie, épuisée par quatorze couches qui se succédèrent en moins de 16 années, resta languissante pendant plusieurs années. En 1774 les deux époux firent un pèlerinage a Garaison, pour obtenir la complète guérison de la vaillante mère, et, en 1775 et 1776, on continua dans le célèbre sanctuaire de la Gascogne des prières à la même intention. On lit dans les notes du narrateur jointes à son livre de raison : « Estant parti de Garaison le 25 juin 1774, où j’estois avec ma femme depuis le 17 du même mois, j’ay remis 18 livres à M. l’abbé Dastugues recepveur, pour continuer à dire le même nombre de messes suivant mes intentions et aux jours fixés par mon mémoire, qui est couché sur le livre de la sacristie de N.-D. de Garaison. Au commencement de juillet 1775, j’ay envoyé à M. l’abbé Lapeyre, chapelain de N.-D. de Garaison, 18 livres franches de port par la poste pour même nombre de messes. » Le 20 mars 1776, pareil envoi fut fait à M. Larroux, doyen des chapelains de N.-D. de Garaison.