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et de t’ëmute de Cujas (1). Quand, en 1892, le P. Ange de Joyeuse, quittant son froc de capucin, devint gouverneur du Languedoc à la place de feu son frère, le duc de Joyeuse, Guillaume Maran fut chargé d’aller chercher aRome la dispense nécessaire, mais le navire qui le portait tomba entre les mains de ces pirates algériens dont les audacieuses felouques sillonnaient continuellement la Méditerranée, et renvoyé de la Ligue fut réduit en esclavage (2). On verra dans la lettre du célèbre professeur combien il souffrit pendant sa captivité. On y verra aussi ce que pensait de l’alliance de la France avec la Turquie, c’est-à-dire de la question d’Orient au xvr siècle, celui qui fut l’ami des cardinaux Baronius, Du Perron et d’Ossat, ainsi que de Barclay, de Casaubon, de Le Fevre et de Pasquier.

Monsieur, j’ay pensé que la nouvelle de mon retour de Barbarie ne vous seroit point désagréable, puisqu’il vous plaist me faire cest honneur que de m’aymer, et que vous sçauriës avoir recouvert par ma délivrance un serviteur perdu. J’en suis revenu despuis le commencement de février aussi sain que jamais, Dieu merci, et plus dispos que je -n’avois esté longtemps y a. Si vous puis-je dire que j’y ay eouren tant d’estrauges fortunes, et sounert de teUes angoisses d’esprit et de si grandes incommoditez de la personne, que je m’esbahissois moy-mesme comme je pouvoy tant durer, et avoy occasion de recognoistre que c’estoit la particulière assistance de Dieu qui me fortifioit. Mais oultre ma particulière affliction, j’ay senti un trèsgrand regret voyant la comune misère de la Chrestienté et de quoy elle est menacée, et particulièrement voyant la honte et vergogne de la France, qui se trahit soy-mesme et le reste des chrestiens par la mauldite et détestable alliance qu’elle a avec les ennemis de Jésus(1) Maran eut aussi pour mettre François Roaides, dont Je ne larderai,pas 4 poMier quelques pages inédites.

(2) Voir sur t’entêtement, sur la captivité et sur la délivrance de Maran, le3 pf~es ][t. xu et tnt de la notice de Medon. Les auteurs de l’Histoire ,générale de Languedoc ne disent des aventures da voyagenr qneqnd~Mi! mots, et encore d’âne mamèr6ineidente(t.Y,p.46t). On Ut (<6<!<p. 468) qu’aM Etats tenus par la Ligue à Lavmr en 1594, « Maran fit le rapport de ce qu’il avait sonffett dans son esclavage et qu’on loi donna pour loute gratineation 1,150 écus