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langue vulgaire provençale[1] que vous avez découvert. M. Simon, dans son histoire critique des versions du N. T. avoit dit qu’on trouvoit encore en Provence de pareilles traductions, mais il n’indiquoit pas les lieux où on les conserve. Ce que je souhaiterois sçavoir de cet exemplaire cy, premièrement la grandeur du volume et entre les mains de qui il est ; 2o si je ne pourrois pas avoir copie de quelques versets, par exemple du second chapitre de S. Mathieu, du 1er chapitre de l’épître de S. Paul aux Romains, du commencement de l’évangile de S. Jean, les premiers versets du livre des proverbes et de l’ecclesiaste. Ces extraits me serviront à connoître si les exemplaires de la Bible qui sont dans la bibliothèque du roi sont en provençal ou en langue catalane, comme l’assure M. Simon[2]. Si vous le trouvez bon, je joindray icy l’oraison dominicale en vaudois que j’ay tiré de l’histoire des Vallées écrite par Jean Leger : O tu lo nostre payre, local siès en li cel ; lo tio nom sia sanctifica, lo tio regne venga, la toa volunta sia fayta, en ayma illi es fayta al cel, sia fayta en la terra : Dona nos lo nostre pan quotidian enchoy : Pardonna a nos li nostre debit, o pecca, coma nos perdonnen a li nostre debitor ô offendadors : non nos amenar en tentation, ma desliora nos del mal amen[3].

  1. Ce sont bien là en effet les termes de l’auteur de la lettre ; mais cette traduction n’est pas en pur provençal. Elle est en vaudois. C’est un des quatre mss. aujourd’hui connus de la traduction vaudoise des livres saints, et peut-être en est-ce le plus ancien. Les trois autres sont ceux de Grenoble, de Zurich et de Dublin. On trouvera, la description de ces derniers dans Gilly The romaunt version of the Gospel according to St Johan (London 1848), p. XVII, XLIX, et LV, et dans Muston, l’Israel des Alpes (Paris 1831), f. IV et p. 95-6. Il devrait y en avoir un cinquième à Cambridge, s’il est vrai que les mss. qu’y déposa Morland en 1658 sy y trouvent encore. Voy. Léger, I, 21-22. Quant au ms. de Mazaugues, que Gilly et Muston n’ont connu que par le P. Lelong, et qu’ils croyaient être encore à Aix, il est aujourd’hui conservé à la bibliothèque de Carpentras où il porte le no 9. Une description assez détaillée s’en trouve dans le catalogue de Lambert, I, 4-8. Elle est accompagnée de quelques extraits de l’Evangile de saint Mathieu et de celui de saint Jean.
  2. Les versions de la Bible que possédait alors la bibliothèque du roi et que possède encore la bibliothèque nationale sont en provençal ou en catalan. On ne connait aucun texte vaudois dans cet établissement.
  3. On voit par l’article consacré, dans la Bibliotheca sacra du P. Lelong p. 399. au ms. de Mazaugues, article qui doit contenir en substance la réponse qui lui fut faite, que ce texte de l’oraison dominicale se retrouve en effet identiquement, à deux mots près, dans le ms. en question. Il en est sans doute de même des autres passages cités après celui-ci. Voici du reste cet article en entier. Il tiendra lieu ici de la réponse de Mazaugues.

    « Novum testamentumad usum Valdensium, sc. quatuor Evangelia, septem Epistolæ canonicæ, quatuordecim Epistolæ Sancti Pauli et Actus Apostolorum. Deinde Proverbia Salomonis, Ecclesiastes, Canticum canticorum, priora decem capita libri Sapientæ et quindecim priora Ecclesiastici. Codex spissus in-4o integer, in quo nihil deest, in membranis a quadringentis annis circiter exaratus, at versio antiquior, sicut ad me scripsit D. Thomassin de Mazaugues filius senatoris Aquensis, pene quem extat hoc exemplar, quod usui Valdensibus fuisse, multis probari potest argumentis præsertim ex oratione dominica, quæ eadem est duobus verbis duntaxat mutatis ac in codice Johannis Léger, pag. 40. Hist. Valdensium. Hoc exemplar etiam describit Epistola D. Remerville de Saint-Quentin, scripta anno 1704, et edita in collectione quæ vulgo dicitur « Pièces fugitives d’histoire et de littérature », 2a parte anni 1704, p. 270 ».