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la merite au moins par l’estime et l’amour que je conserve inviolablement pour vostre personne. M. Cramoisy m’a chargé de vous faire ressouvenir des 420 livres que vous luy devez pour l’histoire Byzantine[1], et il vous prie de les donner à Laurent Anisson, libraire de Lyon, ou à celuy qui vous presentera une lettre de change de sa part. Car Anisson luy a écrit que vous en ayant présenté ou fait presenter une, vous aviez repondu que vous ne sçaviez ce que c’estoit. J’ay assuré Cramoisy qu’il falloit qu’il y eût eu quelque méprise et qu’on se fut addressé à quelque autre de vostre mesme nom[2], et je luy ay de nouveau repondu de son payement. Ayez donc la bonté, Monsieur mon cousin, de nous faire sçavoir au plustost que vous aurez acquité cette dette, ou envoyez icy une lettre de change pour toucher l’argent à Paris. Au reste, Monsieur mon cousin, je suis tout à vous, et vous pourrez disposer de moy comme d’une personne qui vous est toute acquise, estant, Monsieur mon cousin, vostre tres humble et obeissant serviteur.

L. Thomassin, prestre de l’Oratoire.


III

Au même.


À Paris, ce 3 fevrier.

Je presume que vous estes revenu de Rome encores plus homme de bien que vous n’y estiez allé, puisque le bon Dieu a payé vostre peine d’une fievre quarte. Car les maladies et les affections sont des faveurs du Ciel pour les justes, qui apprennent par là à moins aymer le monde, et à se préparer à bien finir une vie qui ne nous est donnée que pour nous en procurer une autre sans fin. Je sçay bien que la fievre quarte est plustost une marque de longue vie que d’une prochaine mort, mais la maladie quelle qu’elle soit, est tousjours un avant coureur de la mort, qui s’approche toujours, quelque loin qu’elle puisse estre. La joye du cœur est le meilleur remède contre la fièvre quarte. Plus on est homme de bien, plus on a de veritable joye dans le cœur. Si les asseurances de mon amitié pour vous, pouvoient vous donner assez de joye pour guérir vostre fievre, cette lettre vous rendroit une parfaite santé. J’écris à Monsieur vostre pere la mesme chose que je vous dis avant vostre depart de Paris touchant le tres aymable cousin Henry. Je n’ay pas pu

  1. Byzantinæ historiæ scriptores varii, Paris, in-folio, 1648 et années suivantes. Voir la description détaillée de la collection dans le Manuel du libraire (tome I, col. 1435 et 1436).
  2. La charitable interprétation du P. Thomassin est la bonne : son cousin n’était point de ces bibliophiles qui paient moins facilement qu’ils n’achètent.