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tions si réglées, et une maturité d’esprit si grande, qu’il n’est pas possible [de le connaître] sans l’estimer et l’aimer beaucoup[1]. Le cousin d’Espin est bien né, mais il est à plaindre dans une profession qui l’engage avec de la jeunesse tres corrompue[2]. Les querelles où il est souvent embarrassé nous donnent un peu sujet de craindre pour sa vie et pour son salut. Vous estes pere, Monsieur mon cousin, et vous estes un pere chrestien. Le premier compte que Dieu vous demandera, ce sera de l’éducation de vos enfans, et des professions que vous leur aurez procurées, propres à leur salut eternel. Car nous ne vivons que pour mourir, et par la mort entrer dans une felicité ou une peine eternel. M. le president de la Garde ne jouit a présent que de ce qu’il a fait pour Dieu et pour l’eternité. Pardonnez l’excez de mon amour pour vos enfans, qui m’a peut estre fait perdre le respect pour vous. Ce n’a pas esté mon dessein, mais bien de vous tesmoigner avec sincerité que je suis, Monsieur mon cousin, vostre tres humble et obeissant serviteur et cousin.

L. Thomassin[3].


II

À Monsieur, Monsieur de Mazaugues, à Aix


À Paris, ce 3 mars 1671.
Monsieur mon Cousin

La grace de Nostre Seigneur à jamais. Je fais ce que je puis pour me persuader que les charmes de la patrie ne vous feront pas oublier l’amitié que vous m’avez promise à Paris. Mais j’ay cru enfin que le plus seur estoit de vous renouveler de temps en temps les asseurances de mes respectz et de vous demander la continuation de vos bontez et quelque place dans vostre cœur. Je vous demande par grace et par justice vostre amitié. Car encore que je ne la merite pas d’ailleurs, je

  1. Il s’agit là de Louis de Thomassin, le correspondant de notre Oratorien
  2. Ce cousin d’Espin ne serait-il pas Jean-Baptiste de Thomassin, mentionné sous le no 2 dans la liste que l’on vient de voir des enfants du conseiller à la cour des comptes ? Ce qui m’enhardirait à le croire, c’est que le docte Oratorien a bien l’air de faire allusion à la profession militaire, quand il parle d’une position féconde en querelles et en autres dangers. Le nom d’Espin, que l’on trouve parfois écrit des Pins, devait être un nom de terre, ou plutôt d’une portion de terre, car M. le marquis de Boisgelin ne connaît en Provence aucune seigneurie d’Espin ou des Pins, et il présume que c’était quelque ferme dépendant de la terre de Mazaugues, aujourd’hui commune du département du Var, arrondissement de Brignoles, canton de Roquebrussanne.
  3. Sur l’éminent théologien qui, comme son cousin, s’appelait Louis de Thomassin, et qui, né à Aix le 28 août 1619, mourut à Paris le 24 décembre 1695, on peut consulter tous les recueils biographiques, et on pourra consulter bientôt le cinquième et dernier fascicule de l’excellent Essai de bibliographie Oratorienne par le P. Ingold. En attendant, indiquons les Remarques sur les conciles par le P. Thomassin que possède la bibliothèque de Carpentras en quatre volumes in-4o manuscrits (no 168).