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voulant se faire augmenter des gages, il écrivit au sr Mayonnade[1], lors second consul de ce lieu, chez qui il prenoit sa subsistance, et trouvoit d’ailleurs bien d’autres douceurs, attendu que le sr Mayonnade a cinq enfents males auxquels il donnoit toute son attention en leur montrant les principes de la latinitté, qu’il ne vouloit plus régenter à Gontaud ; mais que sy le dit sr Mayonnade vouloit luy envoyer ses enfents à Agen, il les prendroit en pension… » Le sr Mayonnade, pour éviter les frais de pension à Agen, offrit alors à Proché une augmentation de 40 livres par an. Une délibération en ce sens fut prise dans la maison de ville, et signée des consuls et d’un ou deux jurats tout au plus. Le registre fut ensuite porté chez d’autres jurats, qui signèrent sans lire. « Cette convention n’est pas une loy à laquelle il ne peut être dérogé. »

Si la communauté a payé un quartier des gages au régent, à raison de 240 l. par an, c’est qu’elle ne pouvait faire autrement, jusqu’au jour où fut votée la suppression des 40 l. En votant cette suppression, les exposants n’ont agi qu’en vue du bien public. L’assemblée qui l’a votée ne fut pas composée de huit paysans, mais des maire, consuls, procureur-syndic, « assistés de quelques jurats, notables et adjoints ou agrégés au corps de ville pour la validité des délibérations Ces adjoints[2] sont au nombre de 12 ou 13, choisis « tant chez les commerçants que chez les meilleurs artizants ou autres personnes de la campagne des plus notables. » — Le sr Proché allègue que pas un jurat n’a été convoqué à cette assemblée : c’est là un « trait révoltant, » qui lui a été inspiré par

  1. Sic pour Maysonnade, nom d’une ancienne et nombreuse famille de Gontaud dont plusieurs membres reliaient un nom de terre au leur par la particule de.
  2. La jurade venait en effet de se démocratiser avant la Révolution en adjoignant aux familles de vieilles bourgeoisie consulaire qui l’administraient héréditairement un un peu de sang nouveau. La délibération très curieuse qui la constate, sera publiée un jour.