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Lettres de J. N. Proché à J. P. Tamizey de Larroque.


I


Agen 8 Frimaire an v (22 novembre 1799).


Citoyen,

Votre fils arriva hier en bonne santé[1] sous la conduite des citoyens Nadau et Melon. Nous l’avons vu avec bien du plaisir, mais j’en aurois eu encore plus, s’il était venu plutôt, car vous me permettrez de vous représenter que vous lui avez donné des vacances trop longues. C’est un temps bien difficile à réparer. Il faut cependant le faire, et je crois qu’il est dans cette intention ; de mon côté je le seconderai de tout mon pouvoir, et il ne tiendra pas à moi qu’il ne soit bientôt en état de suivre ses condisciples. Votre fils m’a remis la somme de 87 livres 10 sous pour un quartier de sa pension.

Ma femme et mes filles sont bien sensibles à votre souvenir ; elles m’ont souvent parlé de vous depuis leur retour de Gontaud, des petits jeux où elles se sont trouvées avec vous, des petites pièces que vous leur avez faites, et surtout de vos honnetetés. Amélie et Nelly regrettent encore la crême que vous leur servites un soir à souper et dont elles ne purent pas manger, parce qu’elles avoient trop bien dîné[2].

  1. Mon père était alors âgé de 13 ans, étant né le 3 juin 1786. Il conserva toute sa vie le meilleur souvenir de son séjour dans la maison d’éducation de la rue Saint-Antoine, maison dont Adolphe Magen a dit qu’elle était « honorée de l’estime publique ».
  2. Mon grand-père était très bon, très gai, très aimable, et il remplissait avec le plus généreux entrain les devoirs de l’hospitalité. Il avait l’habitude d’offrir à ses convives, comme complément du festin, des beignets et des crêpes accompagnés de la crême tant regrettée des demoiselles Proché. Mais s’il était le meilleur des hommes, il ne souffrait pas que l’on abusât de sa candeur. On a jadis souvent raconté (et la légende est