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vous pouvés avoir de consolation au milieu de tant de différentes peines. Prenés plaisir dans vos traverses à donner au siècle un grand exemple de résignation aux volontés de Dieu.

La pensée de Dieu revient sans cesse dans les exhortations qu’adresse Chapelain à Madame de Flamarens, et le 7 novembre 1666, lui parlant de la mort de M. de Verthamon, conseiller d’État, parent de la marquise, après avoir déploré « la cheute d’une si forte colonne, » il ajoute (p. 490) : « Plus Dieu vous oste d’appuis, plus il vous faut resoudre à n’en chercher qu’en lui. »

Chapelain ayant perdu une de ses sœurs, Mme de Flamarens lui envoya ses plus douces condoléances. Chapelain l’en remercie, le 5 mai 1669[1], en ces termes (p. 643) :

Je sens comme je dois la part que vous prenés à la perte que j’ay faitte, et la sage et tendre manière que vous employés pour m’en consoler. Mais cette bonté ne me surprend pas après tant d’autres que vous m’avés tesmoignées depuis tant de temps par une perseverance qui a si peu d’exemples non seulement en vostre sexe, mais encore en celuy qui se vante le plus de fermeté. Ma pauvre sœur est très heureuse d’estre arrivée au port de salut. L’ordre vouloit que je partisse le premier, mais Dieu ne m’a pas voulu prendre afin de me donner temps de le mériter en me rendant assez bon pour mériter cette grâce. Ce sera quand il luy plaira et j’y suis tout disposé, n’ayant presque plus d’attache au monde que vous. J’auray une satisfaction extrême de vous voir si vous faites le voyage que vous méditez pour remédier aux mauvaises affaires qui exercent si durement une vie aussi innocente que la vostre.

On ne retrouve plus une seule fois, à partir de ce moment, le nom de la marquise de Flamarens dans la correspondance de Chapelain. Comment expliquer cette brusque et totale disparition d’un nom qui fut le plus aimé de tous ceux qui brillent dans les pages du fécond épistolier ? On n’oserait penser à une période d’indifférence, à une période glaciale

  1. Cette lettre est adressée à Madame la marquise de Flamarens, à Flamarens (aujourd’hui commune de l’arrondissement de Lectoure, canton de Miradoux).